La tragédie haïtienne constitue une blessure morale pour l’humanité entière, parce que le cataclysme qui en est la cause nous met à nu devant notre fragilité native. Haïti a beau être un caillou, quelque part dans la mer des Caraïbes, elle est aujourd’hui au cœur du monde, non seulement parce que les médias nous envoient au long des jours des images de sa détresse, mais parce qu’elle nous empêche de nous endormir. Ce type de catastrophe nous laisse d’autant plus démunis qu’il semble rendre impossible le pacte fondamental que notre espèce a noué avec la nature. Notre condition même est d’habiter, au sens le plus fort, le coin de planète qui nous est dévolu. Mais lorsque l’habitation est rejetée par la violence des éléments, nous perdons, avec la stabilité du sol, la sécurité élémentaire qui donne son assise à notre existence. Certaines populations en ont été durablement traumatisées, au point même, dans des régions chrétiennes, de déstabiliser leur foi.
Comment dire, avec le psaume, « Mon Dieu en qui je suis sûr » quand l’image biblique du Rocher vacille ? Pourtant, nous l’avons vu samedi 15 janvier – lors de la veillée à Notre-Dame de Paris – la piété vive du peuple haïtien n’a pas été entamée par l’immense malheur. Au contraire, il semblerait qu’il soit l’occasion d’un appel plus résolu au Dieu de toute miséricorde, pour lui demander aide et consolation. Notre Dieu n’est pas un dieu jupitérien. C’est un Dieu de tendresse et de pitié, qui vibre à la détresse de ses créatures dont il est plus proche que n’importe qui. L’Alliance qu’il a nouée avec nous est infiniment supérieure à celle que nous avons établie avec la nature, parce qu’il y a mis le prix du sang du Fils qu’il a livré pour nous.
La liturgie célébrée à Notre-Dame par le cardinal Vingt-Trois semblait a priori paradoxale avec le récit des noces de Cana. Quelle relation pouvait-il y avoir entre Cana et Port-au-Prince ? Celle de la Nouvelle Alliance précisément, celle de la venue du Fils parmi nous pour établir un pacte définitif, en invitant toute l’humanité au banquet du vin nouveau. Le peuple écrasé d’Haïti peut se rassembler autour de ses églises détruites, parce qu’il a l’humilité des pauvres qui demandent la consolation et sont assurés de la recevoir au plus profond d’eux-mêmes. Car la certitude de l’Alliance et d’une création nouvelle est plus forte encore parmi les enfants qui tournent leurs mains vers le Ciel.
Lire aussi le texte du Père Evdokimov :
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