La justice et ma mère - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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La justice et ma mère

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Le cinquantenaire de la mort d’Albert Camus donne lieu à une multitude de publications qui rappellent la personnalité singulière de ce Français d’Algérie ainsi que la richesse et la pertinence de son œuvre. L’auteur de L’homme révolté est mort prématurément, avant que ne se dénoue la tragédie qui l’aura tant blessé. Déchiré par le conflit qui ensanglantait sa terre natale, Albert Camus avait voulu trouver la formule pacificatrice qui aurait permis la coexistence de deux populations. On parlait alors des Européens et des musulmans. C’est pourquoi il avait adhéré, sur le moment, au projet fédéraliste présenté par Philippe Marçais et Marc Lauriol. Mais le cours des événements prit un tout autre sens. À l’encontre de beaucoup d’intellectuels, qui avaient pris parti pour la cause de l’indépendance algérienne, Camus ne voulut jamais se désolidariser d’avec ses compatriotes « Pieds-noirs » et dénonçait les méthodes terroristes du FLN. Cela ne l’empêchait pas de refuser les situations d’injustice imposées à la population musulmane, comme il l’avait toujours fait depuis ses premiers articles de jeune journaliste en reportage en Kabylie.

Lorsqu’il reçut le prix Nobel en 1957, l’écrivain fit une déclaration qui est restée dans les annales… Interpellé par un jeune sympathisant du FLN, qui lui reprochait son attitude à propos de l’Algérie, Camus déclara notamment : « J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. » Il y avait de la provocation dans cette adresse qui indisposa beaucoup de monde. Pourtant, sa signification était assez simple, et on s’étonne encore aujourd’hui qu’elle donne lieu à des gloses insensées.

Préférer sa mère à la justice abstraite, c’est simplement défendre le pauvre, même s’il s’agissait ici des plus proches, contre la violence aveugle. C’est défendre un visage singulier contre l’anonymat d’un terrorisme qui fait du plus démuni et du plus faible, la possible prochaine victime.

Y a-t-il une grande différence d’approche entre une telle déclaration spontanée du cœur et les propos que Benoît XVI vient de tenir pour dénoncer les violences dont ont été l’objet de pauvres immigrés sans défense, dans le sud de l’Italie ? « Je vous invite, a dit le Pape, à regarder le visage de l’autre et à découvrir qu’il a une âme, une histoire et une vie ; c’est une personne et Dieu l’aime comme il m’aime. » Entre la maman d’Albert Camus et l’immigré africain en Calabre, il y a la même primauté d’un visage qui s’expose à la violence de la vengeance meurtrière.

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Autre article de Gérard Leclerc sur Camus :

http://www.france-catholique.fr


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