La présence d’Olivier Bonnassies, ce matin à Radio Notre Dame (à propos des récentes découvertes archéologiques à Nazareth), tout comme le temps de Noël nous incitent à nous tourner vers cette Terre Sainte qui habite tellement nos cœurs. J’en parle ce matin, fort d’une expérience singulière que je puis confier assez simplement à nos auditeurs. Il se fait que depuis six mois, je suis en contact quotidien avec ma fille Thérèse, présente à Jérusalem. C’est assez étonnant de communiquer avec quelqu’un qui vit au cœur de la Vieille Ville de Jérusalem, non loin du Saint-Sépulcre et que son expérience fait côtoyer les aspects les plus divers et les plus contrastés de la cité sainte et du pays tout entier.
Pour une chrétienne, c’est extraordinairement enrichissant, même si parfois la confrontation avec certaines réalités fait un peu mal. Ceux qui sont allés en pèlerinage là-bas le savent bien. Il y a d’abord la proximité des sanctuaires qui donnent une autre dimension à la vie de foi et à la prière ! Pouvoir prier quand on veut au Saint-Sépulcre, se retrouver au Mont des Oliviers, fêter Noël à Bethléem dans la basilique de la Nativité ou au champs des bergers, pouvoir se rendre à Nazareth, c’est découvrir une dimension proche du mystère chrétien, qui permet un approfondissement de la relation des événements fondateurs, avec une conscience renouvelée de l’Incarnation du fils de Dieu en ce monde, du fils né de Marie de Nazareth !
Mais en même temps, il est impossible de ne pas se mêler aux autres réalités de la Terre Sainte, avec le douloureux conflit qui s’y poursuit depuis des décennies et ne semble pas avoir de fin ! Pour une chrétienne qui vit et travaille à Jérusalem, il y a aussi les lieux saints du judaïsme et de l’islam: le mur des lamentations et l’esplanade des mosquées. C’est donc une interrogation permanente sur la coexistence des trois grands monothéismes, leur débat possible, leurs oppositions, l’espérance tenace et fragile de la paix et de la rencontre. Parfois, c’est la découverte de l’abîme qui nous sépare, lorsqu’on comprend que votre voisin le plus proche méconnaît en fait ce que vous êtes et les ressorts de votre foi. On cohabite, parfois on travaille ensemble, et on se découvre étrangers, vos univers symboliques ne coïncidant nullement. Tout rapprochement avec l’autre suscite un effort constant, soutenu.
Il y a même des paradoxes insupportables. Cette terre de la Promesse par excellence, par définition, semble être aussi celle où la Promesse paraît la plus improbable. Promesse de la compréhension mutuelle, de la paix des cœurs, de l’espérance partagée ! Matériellement, physiquement, militairement, on bute à chaque sortie dans la rue sur les obstacles. Et pourtant, en même temps, l’expérience est extraordinaire. Ma fille qui doit quitter Jérusalem dans les prochains jours est déchirée par la perspective d’un véritable arrachement à la Terre Sainte. Elle a l’impression qu’elle ne retrouvera pas ailleurs une existence aussi riche et aussi pleine, qui s’explique aussi par les contradictions de ce petit territoire. Elle partira avec une reconnaissance infinie pour ce qu’elle a reçu, l’approfondissement de sa foi grâce à la liturgie dans les lieux saints, les conversations avec la communauté chrétienne. Ces six mois auront été inoubliables et auront constitué une prodigieuse initiation. Quelle grâce d’avoir 20 ans et d’avoir vécu à Jérusalem !
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