Force est d’admettre que depuis le référendum suisse qui a débouché sur l’interdiction de construction des minarets, l’émotion est intense en Europe. Nous l’avons vu, hier, avec la tribune du président Sarkozy publiée dans « Le Monde ». Les débats se succèdent sur nos chaînes de télévision et dans les journaux. Comment ne pas reconnaître que cette affaire de l’identité touche à quelque chose qui fait mal et concerne la conscience que la France et les autres nations européennes ont d’elle-même. Bien sûr que c’est une affaire française et européenne. On voit mal un tel débat se développer ailleurs que chez nous, dès lors que notre continent est celui qui accueille aujourd’hui le plus d’immigrants et se trouve être d’ailleurs, par son histoire, sa culture, le plus ouvert à l’accueil de l’étranger et à l’échange des civilisations.
Peut-être que les Etats-Unis, pays d’immigrations par excellence, pourrait être aussi remué par certaines transformations qui s’opèrent en son sein, notamment avec l’apport considérable des latinos. Après tout, eux aussi, ont dressé leur mur à la frontière mexicaine, pour endiguer en partie le phénomène. Mais la crise de conscience nous concerne pour le moment, peuples européens, parce que l’existence de communautés musulmanes importantes sur nos territoires modifient la substance de nos mœurs, de nos représentations symboliques, de nos valeurs religieuses, et singulièrement de notre héritage chrétien.
Certains ont eu – que l’on me pardonne cette impertinence – la naïveté de croire que la laïcité arrangerait tous nos problèmes. Je ne conteste pas que la neutralité de l’Etat en matière religieuse, dans la mesure où elle assure les conditions d’un vrai pluralisme et permet la liberté de conscience ainsi que le libre exercice des cultes, peut faciliter la coexistence des religions et des familles spirituelles. Mais notre laïcité publique ne peut pas tout. Elle ne peut, en particulier, endiguer la force des représentations religieuses, l’expansion des courants qui aujourd’hui affectent les sensibilités profondes. Je pense, en particulier, à certaines formes de l’islamisme et à l’évangélisme venu d’Amérique du Nord. Il faut se rendre compte également que ce qu’on appelle la sécularisation, notion à laquelle les sociologues, trop souvent, n’accordent que des vertus positives, peut être aussi d’abord un facteur de fragilisation extrême. Je ne puis m’expliquer qu’en deux mots mais il faudrait qu’on y revienne sérieusement.
La Confédération helvétique, qui vient de rejeter le symbole des minarets comme attentatoire à son identité, est touchée par une vague de fond qui atteint toute l’Europe. Une vague de déchristianisation, qui amène avec elle la perte de la mémoire chrétienne et de la force des convictions intérieures. Un pays en voie de sécularisation est beaucoup plus en danger face à une menace de dissolution de son identité, car il n’a plus les énergies capables de le rassurer dans son rapport avec l’autre, quand cet autre est perçu comme menaçant. Des peuples en situation d’immuno-déficience religieuse sont beaucoup plus sujets à la crispation et au rejet de l’autre. Dans ces conditions, attention à une confiance excessive à notre fameuses laïcité qui pourrait bien être la nouvelle ligne Maginot contemporaine !
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Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Monde, sur l'identité nationale, les minarets...
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- CE QUE DIT LE FER À REPASSER
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.