Indignation, honte, trahison… Tels sont les mots employés par Benoît XVI pour qualifier l’abomination dont se sont rendus coupables ceux qui ont pratiqué des sévices sexuels à l’égard des enfants et qui appartenaient au clergé irlandais. Le Pape s’est dit lui-même « perturbé et bouleversé » par le rapport officiel qui met également en cause les différents archevêques de Dublin. Avertis de ce qui se passait, ceux-ci n’ont pas réagi avec vigueur pour mettre hors d’état de nuire ceux qui avaient commis ces crimes. Le Saint-Siège va prendre des décisions qui pourraient se traduire par le renouvellement de la hiérarchie catholique du pays. Mais, comme le soulignait le cardinal Jean Brady, primat d’Irlande et Mgr Diarmuld Martin, l’archevêque de Dublin : « Il ne s’agit pas seulement de faire tomber des têtes. Notre Église doit retrouver la confiance du peuple et la confiance en elle-même. »
Impossible de se voiler la face. Il n’y a pas pire épreuve pour une Église particulière que d’être frappée par « le mystère d’iniquité » qui semble s’être introduit dans le sanctuaire du salut. Que des ministres des sacrements apparaissent comme objets de scandale nous renvoie aux plus terribles paroles de l’Évangile qui se rapportent au mal fait aux enfants. Pour les fils et filles innocents de cette Église, l’épreuve est indicible. C’est l’institution, Lumière des nations, qui se trouve comme délégitimée à ses propres yeux et aux yeux du monde. L’opprobre qui l’afflige la rend étrangère à sa mission et la met en danger de disparaître. Cependant, une limite doit être clairement opposée à l’accusation qui accable une Église : tous ses membres ne sont pas coupables de la faute dès lors qu’ils l’ignoraient ou, a fortiori, lorsqu’ils l’ont dénoncée ou se sont opposés aux criminels. De plus, la responsabilité de certains ne saurait entraîner la paralysie de l’ensemble du corps, qui doit se ressaisir dans l’eucharistie dont il tient sa cohérence, sa force et sa puissance de guérison. Quelle que soit l’intensité du mal subi, celui-ci ne saurait effacer la grâce reçue dont l’Irlande a bénéficié depuis son évangélisation.
C’est à partir de l’espérance du salut, qui doit demeurer intacte, que l’Église d’Irlande va pouvoir se reconstruire, mais non sans opérer un examen drastique de ce qui a entraîné certaines institutions à des pratiques insupportables au regard de la loi de Dieu et des premiers principes de la commune décence. C’est à une conversion profonde qu’est appelée une communauté qui est sommée de répondre de sa foi – Croit-elle toujours à la mission confiée par le Christ ? -, de son espérance – Est-elle en mesure d’espérer le salut promis ? -, de sa charité – L’amour qui caractérise l’esprit de sainteté est-il capable de cicatriser ses plaies et d’attester de la splendeur de la réconciliation avec Dieu, avec les autres et soi-même ? L’Église d’Irlande vit son chemin de croix, où nous ne pouvons pas ne pas l’accompagner.
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