Le vieux missionnaire écrit sa lettre sur une machine à écrire démodée. Lettre après lettre, le père Magnus Lochbihler tape sur le papier sa foi, son espérance et son amour. Il est en Tanzanie depuis 50 ans. C’est en tant que jeune père bénédictin qu’il avait déménagé vers ce pays étranger pour y annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ à ses frères et sœurs africains – dans un pays qui est tellement différent de sa patrie, le Tyrol (Autriche), qu’il a quitté en 1959. Par contre, il ne s’ennuie nullement : il écrit avec tout son cœur pour dire à quel point c’est beau là-bas.
L’année prochaine, il célèbre son quatre-vingtième anniversaire. Par contre, il ne pense pas le moins du monde à prendre sa retraite. Au contraire : ce prêtre infatigable reste poussé par le zèle d’annoncer l’évangile et de servir les Hommes vers lesquels Dieu l’a envoyé. Depuis qu’il est arrivé en Tanzanie, il a été affecté à plusieurs endroits. À l’âge déjà avancé de 74 ans, on lui a encore confié une nouvelle mission dans l’archevêché d’Arusha au nord-est du pays : le long de la route principale de Makuyuni et de Minjingu, en direction de l’ouest, il accomplit son service sacerdotal dans la région des Massaïs – la tribu africaine (probablement la plus connue), qui est implantée majoritairement au Kenya, mais également au nord de la Tanzanie.
Sur la carte de l’archevêché d’Arusha, il y a de « grandes zones blanches missionnaires », nous écrit le père Magnus. Toutefois, il y a déjà beaucoup de petites paroisses chrétiennes et également un couvent de religieuses. Différentes sectes et des églises libres évangéliques se rendent aussi à la pêche aux âmes. Cependant, l’islam fondamentaliste, dont la diffusion est financée par les pétrodollars, constitue le véritable défi. Le père Magnus nous écrit : « L’activité missionnaire des prédicateurs radicaux et fondamentalistes du Coran est vive, de long terme et stratégique. La méthode la plus importante consiste à construire des mosquées et des écoles coraniques – surtout le long des voies de circulations importantes, même là où il n’y a presque pas de musulmans. Les élèves qui rentrent dans des écoles coraniques (Madrasas) deviennent musulmans avant de s’en rendre vraiment compte. C’est une voie à sens unique. Le retour est difficile. »
Le père Magnus n’a donc jamais cessé de soutenir l’installation d’écoles et de jardins d’enfants chrétiens et publics. Car beaucoup de personnes n’envoient leurs enfants dans les écoles coraniques, où l’instruction a lieu en arabe, langue étrangère, que parce que les écoles nationales sont trop éloignées. Le père Magnus rapporte que dans le nouveau village de Nanja, une madrasa est immédiatement apparue. Le prêtre a toujours pu la voir remplie de « gentilles petites têtes d’enfants » lorsqu’il passait à côté. Cette année, lorsqu’un jardin d’enfants chrétien et une école primaire nationale ont été ouverts, 70 écoliers se sont inscrits et 30 enfants sont allés au jardin d’enfants. L’école coranique s’est vidée !
Point commun : un Dieu unique
Il est également important que des églises soient construites. Par son engagement infatigable, le père Magnus est déjà parvenu à ce que, dans certaines localités, il puisse y avoir des églises. Les habitants des différents villages lui ont envoyé des délégations et lui ont demandé de l’aide, car ils disent : « Nous voulons échapper au courant de l’Islam ! »
C’est avec une urgence particulière que les habitants de la localité d’Orkisima ont demandé de l’aide au père Magnus pour construire une église. Ils ont même construit un accès à leur village à travers les obstacles que créent les petits arbres serrés (le bush africain), « afin de l’hameçonner », écrit le prêtre. Malheureusement, cet accès ne s’est pas avéré adapté à la pluie. Malgré cela, les habitants n’ont pas abandonné et ont construit un nouvel accès afin que le vieux prêtre puisse vraiment parvenir jusqu’à eux en tout temps. Même les membres de la religion traditionnelle des Massaïs, qui croient en un Dieu unique, apprécient et aiment le père Magnus et veulent lui offrir un petit bout de terrain en collaboration avec les catholiques, afin qu’il reste auprès d’eux et puisse y construire une église.
L’Église dont les gens rêvent doit être dédiée à Saintes Perpétue et Félicité. Le père Magnus trouve cela important. Premièrement il s’agit de deux saintes martyres qui proviennent du continent africain, et deuxièmement, comme il l’écrit, il s’agit « de deux grandes saintes femmes. Cela fait du bien aux femmes Massaïs – et encore plus aux hommes. »
Le vieux père, qui a lui-même prononcé le vœu de pauvreté, ne peut aider les fidèles du pays des Massaïs que si de bonnes personnes remplissent ses mains vides. L’archevêque d’Arusha, Mgr Josaphat Louis Lebululu, s’exprime en des termes plus que chaleureux pour le vieux missionnaire qui, encore aujourd’hui, affronte de grands défis en étant rempli de courage et d’énergie. Pour son quatre-vingtième anniversaire, le père Magnus ne voudrait rien d’autre qu’honorer Dieu le Père, parmi les Massaïs qui veulent adorer le Seigneur dans une église digne de ce nom. Le père Magnus est encore bien loin de la retraite – il trouve toujours de nouvelles tâches à accomplir.
En Afrique, il y a encore ainsi plus d’un « vieux » missionnaire européen ayant mis toute sa vie au service des Hommes du continent noir. En cette année sacerdotale, nous devrions tout particulièrement garder en mémoire les sacrifices, la fidélité et les joies de ces missionnaires.
par Eva-Maria Kolmann, AED International
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