Le Pape a reçu samedi dernier au Vatican le docteur Rowan Williams, archevêque de Canterbury et chef de la communion anglicane. Cette entrevue paraissait inévitable depuis la publication d’une constitution apostolique (Anglicanorum Coetibus) destinée aux fidèles anglais désireux de rejoindre l’Église catholique. On sait que, ces dernières années, l’anglicanisme a été fortement bousculé par des débats et des décisions effectives, concernant l’accès des femmes au sacerdoce ministériel et à l’épiscopat. Les choses se sont aggravées avec l’admission des homosexuels déclarés aux mêmes ordinations. Le mouvement de dissidence contre la hiérarchie qui s’est engagée dans cette évolution ne concerne pas seulement les îles britanniques. Il s’est largement développé en Afrique. Un mouvement de retour au catholicisme s’est ainsi dessiné. Le magistère romain ne pouvait pas rester indifférent à l’appel de ces chrétiens déchirés, désireux de respecter les normes indiscutables de la tradition apostolique, tout en étant attachés à leur patrimoine religieux singulier.
On ne saurait reprocher au Pape d’avoir reçu une telle requête. Mais certains se sont tout de même inquiétés. Que va devenir l’œcuménisme si la déstabilisation produite par la désaffection des fidèles et leur retour à Rome signifie la fin des relations fraternelles entre Églises ? La rencontre entre Benoît XVI et le docteur Williams aura au moins montré que Rome et Canterbury entendaient poursuivre leurs relations, au-delà des difficultés présentes. Mais la profondeur des désaccords montre à l’évidence la crise actuelle d’un certain œcuménisme. Dans une conférence à l’Université grégorienne deux jours avant son entrevue avec le Pape, le primat d’Angleterre a indiqué que le concept de flexibilité était devenu une des normes de la régulation de l’œcuménisme, en raison de la diversité des situations. Benoît XVI lui-même ne s’est-il pas montré flexible pour accueillir les spécificités des fidèles venus de l’anglicanisme ?
La dialectique de Rowan Williams est habile. Mais elle ne saurait faire disparaître la question de fond, celle qui concerne l’essence de la tradition apostolique. On est frappé, en effet, de la ressemblance de certaines tendances actuelles avec le mouvement tractarien qui, au XIXe siècle, remit en cause les dérives doctrinales de l’anglicanisme. On ne saurait substituer à la tradition organique du christianisme, la gestion flexible des différences. Si l’œcuménisme est en danger, il ne se relèvera qu’en prenant résolument en compte ce qui constitue la structure de l’Église indivise.
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