Soudan : sur le chemin de la paix ou de la guerre? - France Catholique
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La justice de Dieu
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Soudan : sur le chemin de la paix ou de la guerre?

« Nous sommes dans les mains de Dieu. Nous demandons à Dieu de nous sauver de l’effondrement et du retour aux armes – le fusil ne résoudra pas le problème. » Mgr Macram Gassis Par John Newton, AED Royaume-Uni Traduction, Mario Bard, AED Canada Un évêque du Soudan prévient que le pays pourrait être sur la route du retour à la guerre, alors que les tensions augmentent dans la course référendaire à propos de la sécession du sud du pays qui doit avoir lieu en 2011.
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S’entretenant avec l’organisme international de charité catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Macram Gassis, évêque d’El Obeid, un diocèse situé dans les montagnes de Nubie, a indiqué : « Il ne faut qu’un seul coup de feu pour que ça explose et nous allons retourner dans le maquis [où plusieurs personnes ont vécu dans de dures conditions pendant les 21 années de guerre civile] ». L’évêque a cité plusieurs rapports qui indiquent que l’Armée de libération du peuple soudanais et les militaires de Khartoum ont recommencé à s’armer. « Constater que des armes sont amassées, constater des préparations militaires – est-ce que cela indique un esprit de paix? Cela indique [plutôt] que quelque chose est dans l’air ». Plusieurs parties des montagnes de Nubie, qui avaient été auparavant évacuées par le gouvernement de Khartoum, sont actuellement, sous occupation militaire.

Mgr Gassis soulève également des inquiétudes au sujet du processus menant aux élections de 2010 et au référendum de 2011, indiquant que le recensement pour dénombrer les électeurs et répartir le pouvoir entre les régions n’a pas été conduit correctement. « Comment pouvez-vous dire que nous avons une répartition équitable quand je n’ai pas vu le recensement se faire? Alors, si cela n’a pas été mené professionnellement et en toute confiance, comment allons-nous mettre à exécution le référendum? », s’interroge Mgr Gassis.

Il indique d’ailleurs à quel point le sentiment populaire est en faveur d’une sécession. « Dans les montagnes nubiennes, la population dit : ‘nous ne voulons rien à voir à faire avec le nord’, mais cela sera difficile à cause du pétrole qui va jouer un rôle important. » Mgr Gassis indique que la population du sud estime que le gouvernement d’unité nationale de Khartoum ne lui donne pas sa juste part des profits du pétrole. « Ce ne sera pas facile si le sud veut se séparer », indique l’évêque. Il est particulièrement inquiet au sujet des plus vulnérables de la société. « Je ne sais pas comment notre population va affronter un autre conflit armé; c’est toujours les personnes âgées, les femmes et les enfants qui souffrent. »

Décrivant comment lui-même avait vécu trois raids aériens durant la guerre civile, Mgr Gassis indique : « C’est terrible d’être à la merci d’avions volant juste au-dessus de vous – la seule chose à faire est de s’étendre par terre, aussi plat qu’une crêpe, et d’espérer que la bombe ne nous touche pas – nous sommes impuissants ».

« Nous remercions Dieu du fait que les bombardements aériens soient finis – mais dans le fond de notre esprit, se pose la question : ‘est-ce que 2011 va apporter une solution pacifique pour la population du Soudan? » continue l’évêque. « Nous sommes dans les mains de Dieu. Nous demandons à Dieu de nous sauver de l’effondrement et du retour aux armes – le fusil ne réglera pas le problème. Nous ne savons pas non plus quelle sera la solution, mais nous continuons à prier, nous sommes dans ses mains, nous sommes ses enfants. »


L’AED, partenaire de projets

Décrivant l’AED comme étant l’un des partenaires les plus importants de l’Église soudanaise, Mgr Gassis remercie l’organisme pour tout son appui, entre autres dans le soutien au transport, afin d’aider les prêtres à visiter les chrétiens des villages éloignés, dans le soutien à l’éducation de la foi dans les écoles, ainsi que dans la construction de couvents et de presbytères pour qu’ainsi, les prêtres et les religieuses aient « un endroit décent où vivre, afin qu’ils puissent exercer leur ministère. Nous sommes très reconnaissants », déclare Mgr Gassis. « S’il vous plaît, transmettez aux bienfaiteurs et bienfaitrices de l’AED notre sincère gratitude. Vous êtes vraiment une part réelle de notre Église. Nous marchons ensembles main dans la main pour apporter un message de paix, de justice et d’amour », conclut Mgr Gassis.