Écouter l’éditorial :
A suivre les informations de la rubrique société de nos médias, il ne semble pas que la famille aille très bien. Il y a quelques jours, on nous annonçait une sorte d’explosion du Pacs, ce bricolage juridique inventé il y a une décennie, et que l’on avait surtout imaginé pour donner un cadre institutionnel aux unions homosexuelles. Et bien ce sont des couples d’hommes et de femmes qui se pacsent de plus en plus, préférant cette solution plus souple à un mariage qui engage beaucoup plus sérieusement. En fait, il semble bien que ce sont les avantages fiscaux, qui ont été ajoutés au dispositif initial, qui expliquent son succès.
Autre information : de nouvelles statistiques sur ce qu’on appelle les familles recomposées et les familles monoparentales. Il semble que pour la première fois on soit en mesure de regrouper des données fiables à ce sujet. J’observe que le nombre des familles dîtes monoparentales est de deux fois supérieur à celui des familles dites recomposées. Plus de deux millions contre un peu plus d’un million. Par ailleurs, il ne faut pas être hypocrite : dans l’essentiel des cas, le parent unique c’est la femme, très souvent en situation de précarité économique et obligée de faire face toute seule à l’éducation d’un ou de plusieurs enfants. Pourquoi ne pas dire qu’il s’agit très souvent de femmes abandonnées ?
Les sociologues traitent souvent de l’éclatement familial comme étant une des conséquences de l’individualisme moderne. Ils n’ont certes pas tort mais il faudrait pondérer ce facteur par d’autres paramètres. Pourquoi l’instabilité conjugale touche-t-elle moins les milieux les plus favorisés? N’y a-t-il pas aussi une étrange inconséquence pour une époque qui se veut féministe et donc très volontariste au service de la promotion de la femme d’assister ainsi à la marginalisation de celles qui sont les plus fragiles, abandonnées aux aléas des quartiers les plus difficiles ? Un processus cumulatif s’engage ainsi, qui ajoute à la violence de ces zones à risque. On n’insistera jamais assez sur les effets dévastateurs de l’absence du père: violence contre les femmes, viol, agression, mépris, misogynie persistante.
On considère le divorce comme un fait inéluctable, qui s’inscrit dans la logique de l’émancipation des individus. Mais comment ne pas voir qu’il est aussi à l’origine de beaucoup des dysfonctionnements sociaux et que ce sont les enfants qui pâtissent le plus de l’éclatement familial? Dans ces conditions, on est en droit de se poser des questions graves sur l’avenir de la société.
Le Pacs, dans l’esprit du législateur et dans celui de nombre d’analystes en sciences humaines, constituerait un moyen de resocialisation, un remède à la peur de l’engagement trop douloureux que serait le mariage. Peut-être et même sans doute. Mais ne conviendrait-il pas aussi de revaloriser le mariage et ses valeurs, y compris et d’abord dans les médias ? N’est ce pas céder à la facilité que de nous offrir sans cesse en miroir l’éclatement des liens conjugaux au profit des destins labyrinthiques où l’on entraîne les jeunes. C’est un grave problème. L’Église se trouve en tête de la valorisation du mariage car il est évidemment pour elle un sacrement. Ne conviendrait-il pas de l’aider dans sa tâche plutôt que de la dénigrer sans cesse ?
Gérard LECLERC
Écouter l’éditorial :
Lire l’entretien accordé par Christine Boutin au Point à propos du Pacs http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-10-13/interview-christine-boutin-le-debat-sur-le-pacs-a-decrispe-le-tabou-de-l/920/0/385260
Lire l’entretien accordé par Christine Boutin au Point à propos du Pacs http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-10-13/interview-christine-boutin-le-debat-sur-le-pacs-a-decrispe-le-tabou-de-l/920/0/385260