Faut-il demander la démission de Frédéric Mitterand ? - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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Faut-il demander la démission de Frédéric Mitterand ?

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Faut-il demander la démission de Frédéric Mitterrand ? Reconnaissons notre malaise, après son intervention pathétique au journal télévisé. Il y a d’abord des écrits, dont, soudain, on n’assume plus tout à fait le caractère autobiographique. Et pourtant, à la sortie de son livre, c’était une confession. Certains diront courageuse, d’autres, impudique.

Ensuite la souffrance du ministre de la Culture est perceptible : c’est celle de toute sa vie que le voilà forcé d’expliciter, entraînant une forme d’apitoiement. Il parle de sa mère et de ses enfants [ndlr : qu’il a adoptés au Maroc], et de toutes les pensées parasites, qui occupent assurément son esprit, puisqu’il joue gros.

On dit que les deux têtes de l’exécutif ont préparé sa défense, tant contre le Front National que contre un début de front de gauche qui juge ses écrits inacceptables. Mais suffit-il qu’il réfute tout crime, et même toute faute, pour ne reconnaître qu’une erreur ? S’il ne s’agissait que d’une simple vie privée, nous voudrions ne pas en entendre parler. Mais voilà : en entendre parler, c’est déjà être pris à parti et devoir prendre parti, c’est-à-dire chercher qui est victime.

Un homme que sa stature ministérielle, après celle d’animateur de télévision, oblige à rendre des comptes de quelque chose qui lui fait honte ? Ou ces « garçons », comme il dit, qui sont entraînés, en Asie du Sud-Est, dans l’engrenage de la prostitution ? Le Ministre ne nie ni leurs misères, ni la sienne, mais, justement, il donne pleinement conscience que c’est insoutenable.

De plus, comment peut-il affirmer que ceux qu’il désigne à plusieurs reprises dans son ouvrage en parlant de « gosses » pouvaient avoir 40 ans ? Un homme de sa qualité qui le dit aux Français les yeux dans les yeux, nous voudrions le croire. Cela enlèverait un peu du sordide sans nous rassurer tout à fait.

Car il y a accumulation. Un livre (La mauvaise vie) : il aurait dû faire scandale à l’époque (mais ceux qui l’ont contesté ont été censurés) ; des commentaires scabreux à la mort de Mickael Jackson ; un soutien injuste à Roman Polanski que ne peut excuser, chez un homme d’État, l’invocation d’une émotion ; et ce doute plus que sérieux qui plane désormais sur la sincérité de l’écrivain devenu politique… Tout cela plaide pour une rébellion.
D’autant que deux nou­veaux indices émergent. L’in­tervention de celui qui dirigeait la Villa Médicis au début de l’année en faveur de deux jeunes violeurs [ndlr : ce sont les fils de son ancienne maquilleuse et l’un d’eux est son filleul], auxquels il pro­posait un stage de réinsertion, a fait l’effet d’une réplique au séisme initial, en provenance de l’île de la Réunion. Mais c’est plutôt l’exhumation d’un court-métrage de Philippe Barassat qui accentue le trouble : Fré­­déric Mitterrand apparaît au générique dans la version cinéma de Mon Copain Rachid (1995) et l’a officiellement promu en 1999. Or, c’est une histoire obsessionnelle de pédophilie homosexuelle particulièrement crue dont l’enfant est le demandeur. Dans le contexte actuel, com­ment justifier pareil soutien à pareille œuvre ?
Il ne s’agit pas de participer à une quelconque curée médiatique. Nous avons d’ailleurs observé que les grands médias ont mis beaucoup de temps à se poser les vraies questions, avant de s’étonner du retard du déclenchement pris par cette polémique… Il ne s’agit pas non plus d’entrer dans une quelconque récupération partisane.

Il faudrait plutôt un sursaut citoyen pour arracher la caste dirigeante à son aveuglement. Dans son sentiment de toute-puissance, elle fait le gros dos. Elle compte sur le temps qui passe, extincteur d’émotions, jusqu’à l’oubli… Mais, pour toutes les victimes, ce temps doit être celui de la justice.
Au fond, au-delà du ma­laise qui nous empêche de condamner un homme, il y aurait donc quelque chose de scandaleux à ne pas… se scandaliser.