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L’homélie que Benoit XVI a prononcé hier matin lors de la messe-inauguration du second synode pour l’Afrique constitue une remarquable introduction à ses travaux. J’ai été frappé par sa vigueur, sa justesse, inspiré par un grand amour pour ce continent. Comment ne pas penser au récent voyage du Saint-Père au Cameroun et en Angola qui est resté dans la mémoire de beaucoup, loin des polémiques qui avaient alors encombrés nos médias ?
La forte présence et l’expansion continue du christianisme dans la plupart des pays du continent lui vaut une place particulière au sein de l’Eglise universelle. Ouverte à la grâce rédemptrice du Seigneur ressuscité, déclare le Pape, l’Afrique sera ainsi toujours plus par sa lumière et en se laissant guider par l’Esprit-Saint, elle deviendra une bénédiction pour l’Église universelle apportant sa contribution qualifiée à l’édification d’un monde plus juste et fraternel. Benoit XVI manifeste donc sa confiance à l’égard de cette Église, il ne méconnaît pas pour autant les énormes difficultés, les épreuves considérables que beaucoup de pays endurent, du fait des guerres intestines, du défi des maladies, l’épidémie du sida constituant la plus grave, celle qui suscite de la part des forces ecclésiales le plus grand investissement en moyens divers pour soigner et prévenir le fléau. Mais ces terribles défis n’entament pas la confiance du Pape, ni celle de l’épiscopat africain réuni à Rome.
Benoit XVI a particulièrement insisté sur le respect que les Africains ont pour la vie. Or la vie se manifeste en premier dans l’union entre l’homme et la femme et dans la naissance des enfants. La loi divine, écrite dans la nature, est par conséquent plus forte et l’emporte sur toute loi humaine. Alors que le monde entier demeure incertain face aux sollicitations du nihilisme contemporain, le Pape définit l’Afrique comme un immense poumon spirituel, un poumon spirituel qui est une chance pour le monde, mais qui peut aussi tomber malade. N’y a-t-il pas une forme particulièrement maligne de colonialisme qui consiste à exporter sur un continent, qui pourtant n’en veut pas, ce que le Pape appelle des « déchets toxiques spirituels » ?
L’Afrique doit se prémunir également de ce que le Pape a désigné comme un second virus. Le fondamentalisme religieux lié à des intérêts politiques et économiques. On sait combien le continent subit l’assaut des sectes, qui prétendent au nom de Dieu répondre leur pratique mais, nous dit le Pape, selon une logique opposée à la logique divine. C’est-à-dire en enseignant et en pratiquant non pas l’amour et le respect de la liberté mais l’intolérance et la violence.
C’est dire à quel point la tenue d’un synode spécial pour l’Afrique répond à une nécessité urgente. Avec une démographie toujours vivace, le contiennent peine à s’inscrire dans les flux du développement mondial. Pourtant ses atouts sont réels. L’Église y joue un rôle considérable. Benoit XVI en est tout à fait conscient, lui qui invite l’ensemble de l’Église africaine à être, dit-il, prophétie et ferment de réconciliation entre différents groupes ethniques, linguistiques et aussi religieux à l’intérieur de chaque nation et sur tout le continent. Comment ne pas saluer ce second Synode africain comme un signe d’espérance pour des communautés chrétiennes qui requièrent toute notre amitié et notre solidarité ?
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Documents joints
Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Dialogue du Pape avec les journalistes dans l'avion...
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- 3132-La visite du Pape en France (synthèse)