La visite qu’accomplit à la fin de cette semaine Benoît XVI en République tchèque rappellera à beaucoup la venue à Prague de son prédécesseur à la suite immédiate de la révolution dite de velours, qui avait mis fin au régime communiste établi depuis le célèbre coup de force de Staline. La rencontre entre Jean-Paul II et le président Vaclav Havel symbolisait à elle seule l’achèvement victorieux de la lutte contre l’empire totalitaire. Le président-dissident-homme de lettres avait d’ailleurs explicitement voulu que le pape polonais vienne donner une dimension spirituelle à cet avènement de la liberté. Ce n’était pas évident dans un pays qui, à cause d’une histoire antérieure même à la Réforme, s’était éloigné de Rome, puis dans les dernières périodes avait subi de plein fouet la propagande explicitement athée du régime. Il en reste encore aujourd’hui quelque chose puisqu’on évalue à 40% de la population ceux qui se réclameraient de l’athéisme. En 1989, Jean-Paul II avait reçu le meilleur accueil de la population praguoise et Vaclav Havel avait payé de sa personne pour que cette première visite fût un succès.
Vingt ans après, la situation a évolué. Républiques tchèque et slovaque se sont séparées, cette dernière étant plus marquée par le catholicisme. Si l’on compte que près de 40% des Tchèques sont catholiques, la pratique religieuse est néanmoins la plus faible d’Europe dans l’ancienne patrie de Jean Hus. C’est à dessein que nous évoquons cette figure tragique de l’Histoire, tant il est vrai que l’Europe moderne demeure profondément sensible à ses cicatrices anciennes. La géopolitique européenne ne peut aujourd’hui encore échapper aux frontières spirituelles dessinées par l’orthodoxie, le protestantisme et le catholicisme. Mais le passé n’explique pas tout, et le présent s’offre en Europe centrale sous les auspices des grandes mutations économiques, de l’ouverture des marchés, de la crise mondiale. L’Évangile trouve à Prague les mêmes obstacles qu’à Varsovie et à Budapest, mais aussi qu’à Paris et à Madrid.
Benoît XVI au cours des trois étapes de son pèlerinage rappellera les sources les plus anciennes et les plus populaires du christianisme en République tchèque. Il y célébrera la fête nationale associée au souvenir du martyre de saint Venceslas, il vénérera la statue de l’Enfant Jésus de Prague, mondialement célèbre, ainsi que le Palladium à l’effigie de la Vierge Marie au sanctuaire de Stará Boleslav. Cette relation à l’Histoire, loin d’être un enfermement dans le passé, signifie l’élargissement de la pensée et du cœur aux grandes questions liées à la foi et à l’espérance chrétiennes aujourd’hui. Sans compter que la charité s’inscrit aussi dans ce voyage, comme le projet le plus concret de l’Église. Ce n’est pas rien que l’Église tchèque s’est préparée à la visite du Saint-Père, en concentrant toute son attention sur sa dernière encyclique Caritas in Veritate.
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