Le pari de François Bayrou - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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Le pari de François Bayrou

par Serge Plenier © Acip
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On avait peut-être un peu vite enterré le MoDem après son résultat pitoyable des Européennes. L’Université d’été du parti centriste, avec le long discours de clôture de François Bayrou, en apporte une nouvelle preuve.
Ce discours est un discours habile, si habile même que certains s’y sont trompés en affirmant que François Bayrou avait modéré ses critiques à l’égard de Nicolas Sarkozy. Certes, le leader du MoDem a pris soin d’affirmer qu’il ne s’en prenait pas à la personnalité du président de la République, mais c’était pour mieux dénoncer une société de la « domination » férocement décrite.

Ce discours a surtout été habile parce qu’il a donné l’impression, voulue, d’un virage à gauche du MoDem, entérinant ainsi les propos récents de Marielle de Sarnez. Pourtant, ce virage à gauche n’est pas si évident. Pour s’en convaincre il suffit de souligner la sécheresse avec laquelle François Bayrou a remis à sa place Martine Aubry (« Vous n’êtes pas chargée de contrôler les papiers »), et a critiqué certaines propositions sur le droit de licencier (emblématiques de la gauche). Bayrou entend rester au centre.

En lançant ce qu’il appelle une « offre publique de dialogue », François Bayrou entend rappeler qu’il demeure l’un des éléments essentiels, et peut-être même l’élément essentiel d’une éventuelle alternance. Sa dénonciation du sectarisme (de gauche, bien entendu), et surtout sa volonté d’établir un calendrier avec la mise en place d’un « Parlement de l’alternance ». Il s’agit de se présenter comme le maître du temps, l’un des atout essentiel dans le jeu politique, surtout pour un futur candidat à la présidentielle.
La stratégie de François Bayrou est évidemment risquée. Elle peut entrer le départ de militants désorientés par cette inflexion et qui se soucient peu de frayer avec la gauche ou les Verts. L’UMP – c’est de bonne guerre – a d’ailleurs souligné cette faiblesse par la voix de Dominique Paillé, son porte-parole adjoint. Elle peut néanmoins se révéler payante alors même que de nombreux mécontentements se profilent, y compris au sein de la majorité. Les menaces sur la sécurité sociale (hausse du forfait hospitalier) ou la croissance du chômage ne sont pas rassurantes pour le parti du président. La fenêtre de tir existe pour le parti centriste.

Il faudra attendre les régionales, où le MoDem présentera des listes indépendantes, pour que soit validé, ou non, le pari de François Bayrou.