Lumière sur une région oubliée de l’Afrique - France Catholique
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Persécutions : le martyre des chrétiens
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Lumière sur une région oubliée de l’Afrique

L’appel lancé en faveur des victimes de crimes sexuels dans la région du Kivu, le 11 août dernier, par la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton est appuyé par l’organisme international catholique de charité Aide à l’Église en Détresse (AED). Par John Newton et Eva-Maria Kolmann, AED international (Traduction et adaptation : Mario Bard, AED Canada)
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Dans le cadre de sa tournée africaine, Mme Clinton s’est arrêtée en République Démocratique du Congo (RDC) et a rencontré des femmes victimes de viols dans la ville de Goma, dans la région en crise du Kivu. Le correspondant du journal Le Monde (édition du 12 août dernier) rapporte qu’elle ne « cachait pas son émotion. “Les atrocités que ces femmes ont subies, et cela vaut pour les atrocités que tant d’autres subissent, sont le produit du mal sous sa forme la plus ignoble” », a-t-elle déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient.

Une visite et un appel salués par l’une des responsables de projets d’Afrique pour l’AED, Mme Christine du Coudray. « Sa visite recentre l’attention [du monde] sur une région qui a été, d’une manière incroyable, oubliée », a indiqué Mme du Coudray. Selon les informations de l’ONU, plus de 7 500 cas de violences sexuelles, perpétrés par des membres de l’armée et des groupes rebelles, ont été rapportés en 2008. Mme du Coudray indique que, malgré le grand nombre de troupes déployées dans le pays, celles-ci arrivent souvent trop tard pour faire une différence quand les rebelles frappent. « C’est une plainte récurrente des Congolais ordinaires qui sont, encore et encore, victimes de massacres, de viols de masse et d’atrocités bestiales de toutes sortes », indique-t-elle. « Le reste du temps, dans leur vie de tous les jours, les gens n’ont que l’Église catholique pour les aider. »

L’Église répond « présente » quand il n’y a plus rien

Malheureusement, Mme du Coudray indique que les organismes de l’ONU n’aident les déplacés et réfugiés que lorsqu’ils sont dans des camps qu’ils gèrent. Pour tous les autres, accueillis chez des familles ou des amis, aucune aide n’est accordée. La seule source d’aide sur laquelle ces familles d’accueil peuvent compter vient de l’Église catholique. « De tels actes d’authentique charité fraternelle ne sont pas encouragés [par l’ONU] et les familles d’accueil ne reçoivent aucune aide pour nourrir les réfugiés ».
Sœur Espérance Hamuli, supérieure des Ursulines de Goma, a indiqué à l’AED que les ordres religieux relèvent le défi d’aider ceux qui sont affectés par les violences en RDC. « Nous voulons sauver les jeunes qui sont en danger d’être éliminés et nous voulons crier encore plus fort au nom de ceux qui sont sans voix : ainsi, nos gens pourront savoir qu’il y a une façon de sortir de leur souffrance, une façon de vivre, et non pas seulement la violence », a indiqué la religieuse. Sœur Hamuli est l’une des 37 supérieures de congrégations religieuses féminines qui, avec le soutien de l’AED, coordonnent leur travail avec et pour la population traumatisée et souffrante.

« Nous sommes en solidarité avec la population », a indiqué une autre religieuse à Mme du Coudray. « Quand ils sont torturés, nous les sœurs sommes aussi torturées; si la solidarité signifie mourir avec eux, nous mourons avec eux; si cela signifie vivre avec eux, nous vivons avec eux. » Mme du Coudray décrit la présence des religieuses comme une « sorte de martyre. »

Dans un pays où les enfants combattent fréquemment dans les milices rebelles, l’AED soutient également des projets d’éducation de base pour les enfants. « Les enfants qui n’ont pas la chance d’aller à l’école n’ont pas de future, mais ils sont aussi fréquemment utilisés comme enfant soldat. L’AED soutient également des projets de pastorale visant à rejoindre les soldats pour promouvoir le respect et la dignité de la vie humaine. « Dans une région tourmentée par de véritables orgies de violence, ce genre d’apostolat peut vraiment sauver des vies humaines », insiste Mme du Coudray. Alors que plusieurs personnes sont traumatisées par le viol et d’autres atrocités, elle insiste sur le besoin urgent d’aider les individus à retrouver l’estime de soi et à redécouvrir leur dignité humaine.

Mme du Coudray souligne enfin que l’AED est presque seule dans la région dans son engagement pour une véritable « culture de la vie ». « Plusieurs ONG pensent qu’elles sont en train d’aider les femmes en leur offrant l’avortement, la pilule du lendemain et d’autres moyens de contraceptions », indique-t-elle. « Mais les Africains voient ces idées comme étrangères aux leurs. Ils comprennent une fois pour toutes que ce n’est pas une culture de vie, mais plutôt une culture de mort. » L’an dernier, l’AED à soutenu le travail de l’Église catholique en RDC avec plus de 3 millions de dollars canadiens.