Photo © AED Mgr Jose Mukala, évêque de Kohima, dans le nord-est de l’Inde.
Des actes de violence et d’intimidation, par quelques groupes fondamentalistes protestants dans le nord-est de l’Inde, empêchent des milliers de personnes de se convertir au catholicisme, selon les informations rapportées par Mgr Jose Mukala, évêque du diocèse de Kohima.
Il a indiqué à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), organisme international de charité catholique, qu’une vague d’attaques et de propagande contre l’Église catholique sévit présentement dans la région principalement protestante de Kohima. Ces menaces incluent des menaces à peine voilées contre lui et des menaces de destruction d’édifices appartenant à l’Église. De plus, l’évêque mentionne qu’il existe une interdiction de se convertir qui est imposée par des aînés de village.
Dans une entrevue qu’il a accordée à l’AED, Mgr Mukala a fait une sortie contre certaines communautés fondamentalistes protestantes, dans cette région principalement chrétienne, déclarant que des personnes se sont vues interdire toute liberté religieuse. « Il y a une augmentation importante du nombre de personnes dans le diocèse qui veulent devenir catholiques, mais il y a une opposition très forte parmi les dirigeants locaux protestants. » Une situation qui aurait grandement empiré récemment, selon l’évêque.
« Si l’opposition s’arrêtait, il y aurait un flot de conversions au catholicisme », estime-t-il. Mgr Mukala a indiqué que quelques Églises évangéliques – des Églises locales qui sont indépendantes l’une de l’autre – tout comme des Églises baptistes, sont effrayées par la montée du catholicisme dans le district de Kohima. Les catholiques y sont arrivés en 1951, quand les premiers croyants ont été baptisés. Ils sont aujourd’hui près de 58 000 dans le district, ce qui représente 2,7 pour cent de la population de plus de deux millions d’habitants de l’État du Nagaland, dont Kohima est la capitale.
Un État, une tribu, une religion
Mgr Mukala nous a raconté comment, lors d’une visite à quelques familles catholiques dans un petit village du diocèse, il a été soudainement appelé à une réunion de paroisse où le chef du village l’a averti que « quelque chose » lui « arriverait » s’il revenait. « Quand le chef m’a dit cela, j’ai répliqué en lui disant que si quelque chose m’arrivait, ce serait la responsabilité du chef. Jusqu’à maintenant, rien ne m’est arrivé », a indiqué Mgr Mukala.
Dans un autre village, des chrétiens fondamentalistes sont accusés d’être derrière la destruction d’une église catholique; celle-ci ne pourra être rebâtie que sous la protection de la police. D’ailleurs, la menace qu’il n’y ait davantage de violence a forcé l’évêque à entreprendre des poursuites contre les individus qui ont menacé de mettre à exécution des attaques contre l’Église. Mgr Mukala à également expliqué à l’AED que le blâme pour des activités anticatholiques ne s’étend pas aux responsables religieux, mais aux fanatiques locaux vivant dans des villes et des villages spécifiques. « L’opposition ne vient pas des pasteurs protestants, mais des chefs de village », a-t-il précisé. « Ils disent qu’il ne devrait y avoir qu’un état, une tribu et une religion. Nous sommes en train d’essayer de les convaincre qu’ils doivent permettre à la population d’être libre. »
Les catholiques populaires à cause des écoles
Pour expliquer la popularité du catholicisme, l’évêque insiste sur le succès des écoles diocésaines, lesquelles estime-t-il ont une meilleure réputation que les alternatives gouvernementales. Sur les 20 écoles les plus performantes de la région, 16 sont des écoles catholiques. Les 150 écoles catholiques du diocèse – la plupart sont du niveau primaire – assurent l’enseignement auprès de plus de 30 000 enfants.
Soulignant le rôle des religieuses à l’école, Mgr Mukala ajoute : « Nos écoles sont meilleures que les autres écoles à cause de la présence des religieuses. La discipline est bonne et l’administration de l’école est efficace. L’école catholique a mis l’emphase sur l’intégrité et le dur labeur, et cela attire les gens », indique l’évêque.
« Il y a aussi un désir authentique chez les personnes qui veulent devenir catholiques », estime Mgr Mukala. « Les gens veulent connaître ce en quoi nous croyons et pourquoi. »
L’AED soutient les catholiques du diocèse de Kohima
Mgr Mukala a profité de l’entrevue pour remercier l’AED de son soutien de longue date, indiquant que l’organisme a soutenu 37 projets dans le diocèse au cours des dix dernières années, incluant l’aide aux prêtres pauvres et persécutés (par le biais des offrandes de messe), la construction de nouvelles églises et de nouveaux presbytères et [le financement] de motocyclettes et d’autres moyens de transport pour le clergé situé dans les régions éloignées.
L’un des projets les plus importants qui a été soutenu par l’AED, est l’impression et la distribution de la Bible produite par l’AED « Dieu parle à ses enfants », dans les langues locales iotha et agami, ainsi que le soutien de programmes de catéchèse.
« Je désire remercier l’AED de tout mon cœur pour tout ce qui a été fait afin de soutenir l’Église dans notre diocèse. Nous demandons toujours à nos croyants de prier pour nos bienfaiteurs. » Enfin, Mgr Mukala a indiqué qu’il encourage ses fidèles à donner ce qu’ils peuvent pour soutenir les projets, incluant l’aide à la construction de structure, comme des églises, et l’approvisionnement en matériaux de construction, comme du bois et de la pierre.
Pour aller plus loin :
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