Le pèlerinage de 2000 étudiants de France qui s’est déroulé, au plein cœur de l’été, en Terre sainte revêt pour nous une signification singulière ! C’est déjà un signe en lui-même que cette démarche de jeunes qui affirment la primauté de leur vocation chrétienne dans leur vie. Dans une société plutôt déstabilisée, au sein d’une génération incertaine de son devenir, affirmer que l’existence n’est pas « une passion inutile » n’est sûrement pas anodin. Que cette démarche soit accomplie dans une des régions les plus sensibles du monde, avec le scandale de l’affrontement des religieux, ajoute quelque chose de plus. Comme un engagement qui n’hésite pas à braver les défis de l’histoire. Il n’y a pas si longtemps que Benoît XVI accomplissait, sur les mêmes sites, une démarche prophétique qui privilégiait l’itinéraire du Christ en son pays, sans dédaigner, bien au contraire, les autres partenaires, le juif et le musulman, dans leur face à face énigmatique.
Le pèlerinage appartient aux plus anciens rituels religieux. Le christianisme ne l’a nullement contesté. Il permet, en effet, de mettre en perspective concrète le sens plénier d’une destinée personnelle en solidarité avec ses compagnons d’humanité. Là où le Christ est né, a développé l’enseignement du Royaume sur toutes les routes de Palestine, a souffert, est mort et ressuscité, l’itinéraire devient carrément sacramentel. Associant le souvenir vivant du Christ de l’Histoire et la grâce sanctifiante de sa présence dans l’Église. Il est d’ailleurs conforme à une pratique désormais bien établie que l’année liturgique se trouve célébrée en une formule concentrée de Noël à Pâques. La messe de la nativité est fêtée à Bethléem, tandis que la Passion et la Résurrection sont commémorées dans la Ville Sainte par excellence. Déjà Maxime Charles, accompagné de Jean-Marie Lustiger et des jeunes du Centre Richelieu, avait proposé cette façon de s’identifier profondément à l’Incarnation et à la Rédemption du Seigneur.
Est-il besoin de dire que nous avons tous besoin du témoignage de ces 2000 pèlerins (accompagnés de leurs aumôniers et d’une vingtaine de nos évêques) ? Revenus dans leurs centres universitaires, ils auront à les animer avec leur foi ressourcée au cours d’une expérience privilégiée. C’est l’Église de France qui attend de ces témoins l’exemple joyeux et communicatif qui pourra donner élan aux paroisses, aux communautés, aux groupes d’évangélisation. Sans doute est-il possible de vivre en chrétien et d’assimiler tout le mystère du Christ sans avoir à accomplir la très ancienne démarche qui a conduit, depuis les origines, tant d’hommes et de femmes en Terre sainte. Il y a néanmoins quelque chose d’unique dans le fait de retourner sur les pas du peuple de la Promesse. Ici Dieu est venu visiter l’humanité, en envoyant son Fils. Ici son Fils est devenu l’un d’entre nous. Ici il a accompli la Dramatique divine qui a rouvert aux hommes les portes du Ciel. Non, tout cela ne s’est pas produit dans l’espace figuratif des mythes. Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. Et, depuis Jérusalem, avec Pierre et Paul, le Royaume s’est répandu jusqu’aux extrémités de l’univers. L’irréversible s’est produit. 2000 jeunes nous le confirment !
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