Défense nationale et sécurité collective. 70è anniversaire. Mai 2009, 187 pages, 12€. - France Catholique
Edit Template
La justice de Dieu
Edit Template

Défense nationale et sécurité collective. 70è anniversaire. Mai 2009, 187 pages, 12€.

Copier le lien

Ce numéro spécial de revue présente un intérêt historique et intellectuel. Il célèbre en effet le 70ème anniversaire de la RDN en rediffusant une série d’articles qui rappellent le rôle moteur de la revue dans l’évolution de la pensée militaire.

Créée en mai 1939 sous le titre de Revue des questions de Défense nationale, elle a été interrompue dès septembre 39 pour reparaître en 1945 avec un éditorial du général Juin et un nouveau titre, en attendant en 2005-2006 d’y ajouter la sécurité collective, une version en langue anglaise, des numéros thématiques et une base de données sur Internet. L’éditorial du président, le général Norlain, souligne que 3.500 auteurs ont publié 146.000 pages, mettant l’accent successivement sur le caractère global de la défense, sur la stratégie nucléaire et sur l’actualité après la fin de la guerre froide. Un message du Président de la République met en parallèle cet anniversaire avec le Livre blanc de 2008, qui selon lui apporte un renouvellement de la pensée stratégique.

Le général Bulit et l’amiral Girard, coordinateurs de ce numéro, ont d’abord choisi de rééditer des articles consacrés au nucléaire. Le précurseur est l’amiral Castex, qui dès 1945 montre qu’avec l’arme atomique, la nation faible peut menacer la nation forte. Ce pouvoir disproportionné constitue pour Jean Guitton une arme paradoxale, et Jacques Vernant souligne que sa puissance impose le blocage des conflits mondiaux.

En 1963, le général Beaufre replace la stratégie militaire dans le cadre d’une stratégie totale soumise au politique, ce que confirme le général Ailleret dans son approbation de la défense tous azimuts, des môles de résistance et de la critique gaulliste de l’intégration atlantique. Raymond Aron en 1976 s’interroge sur la notion de rapport de forces à l’ére nucléaire ; face aux évolutions américaine et soviétique, il souligne que la pluralité des facteurs de force n’exclut pas le rôle décisif de ceux qui possèdent la force militaire.

Quatre auteurs analysent les conceptions des penseurs français de la stratégie de dissuasion : – Christian Malis s’attache à la doctrine du général Gallois, éducateur du général de Gaulle, apôtre d’une indépendance nationale proche du neutralisme – Pierre-Dominique d’Ornano admire la clarté d’expression de Lucien Poirier, qui combine l’interdiction des actions adverses et l’action extérieure de soutien de nos propres intérêts – Pierre Messmer et Bruno Tertrais valorisent la stratégie des moyens codifiée par le général de Gaulle, en ignorant cependant le rôle prémoniteur du général Ely.

Dans l’après-guerre-froide, Paul-Marie de la Gorce observe la dislocation de l’URSS face à la surperpuissance américaine, et l’apparition des conflits dans l’arc de crise allant du Maroc à l’Afghanistan. L’amiral La Bouhérie souligne les menaces nouvelles constituées par les Etats militaristes et intégristes et par les flux migratoires. L’amiral Duval étudie les moyens de la contre-prolifération nucléaire, et Jacques Berque caractérise la civilisation islamiste, dont le Droit archaïque de la charia bloque l’accès à la modernité.

Dans l’actualité, les instituts de sondage contredisent l’idée reçue, d’une opposition de l’opinion à la politique de rupture avec l’OTAN en 1966, et de réintégration en 2009. Olivier Kempf estime que le débat stratégique doit s’efforcer de concilier les écrits des stratèges et les blogs informatiques des chercheurs.

Fidèle à sa tradition, la revue nous offre ainsi de remarquable thèmes de réflexion.

Maurice Faivre