L’album « Les indices pensables », Tome 1. Le mystère du soleil froid, est mis en souscription au prix de 13 euros + 5 euros de frais de port = 18 euros.
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http://www.france-catholique.fr/Le-futur-album-de-BD-Les-indices.html
Entretien avec Brunor – propos recueillis par Brigitte Pondaven (FC du 17 juillet 2009)
À l’heure où les lecteurs découvriront cet article, vous serez en train de donner une conférence au Mont Saint-Michel, une étape importante de votre tour de France…
Brunor : Oui, je suis invité, par les organisateurs du festival « Treize siècles, Entre ciel et mer », du 15 au 19 juillet, pour exposer des tableaux aperçus dans mon livre La Question interdite, sur le thème : Qui est Jésus-Christ ? C’est une étape qui me tient beaucoup à cœur.
D’autant plus que votre grande enquête dans l’histoire de la théologie se déroule précisément dans la baie du Mont …
J’espère y croiser le regard du Père Déodat ! Dans mon livre, cet ermite franciscain aide le lecteur à comprendre le cheminement de la pensée des conciles. Chaque fois qu’une nouvelle formulation concernant le Christ était énoncée, le pape et les évêques devaient discerner si le nouveau chemin proposé était solide, ou s’il conduisait vers des sables mouvants. Car il y aurait alors risque d’asphyxie qu’on signalait par des panneaux indicateurs : « hérésie »ou « dogme ». Leur critère de discernement ? La conformité au message initial de la Révélation. Ainsi le chemin est balisé et chacun est libre de le suivre ou non. De nos jours, il n’est pas question de traverser la baie sans la présence d’un guide compétent, pour les mêmes raisons, car il y a eu trop de victimes des marées et des sables…
Vos conférences abordent ces thèmes ?
Oui, j’essaye de rendre vivants ces sujets réputés complexes, ainsi que d’autres points, abordés dans mes précédents livres. On peut parler de conférences, mais il s’agit plus d’animations informantes… Car ce qui m’intéresse, c’est de trouver des modes de communication détendues et artistiques pour transmettre des informations qui vont aider les gens dans leur réflexion. Dans ces rencontres, il y a de la parole, mais aussi du dessin et de la guitare.
On vous connaît comme dessinateur, pas tellement comme chanteur.
Quand j’ai vu les fruits que pouvait porter le premier concert que j’avais improvisé avec trois amis musiciens, devant cinq mille jeunes à Paray-le-Monial en 1992, cela m’a incité à continuer d’écrire des chansons. C’est une forme de communication complémentaire du dessin (où l’on est seul en face de sa page), et qui exige de trouver un angle, des images pertinentes qui parleront aux gens, pour oxygéner des sujets difficiles. L’essentiel est de semer telle ou telle pépite d’or à propos du Christ ou de la Bible, sans faire fuir les non-croyants qui sont souvent allergiques aux alléluias et à tout ce qui ressemble de près ou de loin à des formules faciles mais si ennuyeuses.
Comment ne pas faire fuir les non-croyants ?
En gardant ce maître mot qui nous vient de la petite Bernadette de Lourdes : « Je ne suis pas chargé de vous convaincre, mais de vous le dire ! » Si vous essayez d’endoctriner les jeunes avec vos publicités pour votre clocher, ils ne vont pas être dupes et leur fermeture sera bien naturelle. Mais si vous transmettez des informations intéressantes, vous les rendez plus riches et plus libres de faire des choix en connaissance de cause. Avec ma guitare et mes chansons, je suis intervenu plusieurs années de suite dans un LEP de Chalons-en-Champagne devant beaucoup de jeunes très éloignés du christianisme. Comme c’était avant la loi sur le voile, plusieurs filles portaient encore une espèce de tchador. Si j’avais commencé une « conférence » autour du christianisme, on peut penser que certains se seraient fermés. Mais des chansons qui les rejoignent permettent d’amorcer un dialogue. J’ai toujours rencontré un bon accueil qui m’étonne à chaque fois.
Comment vous situez-vous par rapport à des groupes comme Glorious ou Ararat ?
Ce sont des amis. Nous avons souvent partagé l’affiche dans des festivals. Mais eux sont des groupes : ils arrivent à cinq ou six sur scène et apportent une dimension festive. Ils font de la pop-louange pour rendre joyeuse la prière des jeunes chrétiens sur des rythmes électriques et témoigner ainsi que les cathos ne sont pas plus « coincés » que les autres. Ce que je fais ressemble davantage à une veillée-guitare, plus intimiste, avec des textes, des infos… J’interviens seul, même s’il m’arrive d’être accompagné par les musiciens d’Ararat comme au festival de Chartres, ou à Lourdes, pour la nuit de la Saint-Sylvestre… J’ai écrit plusieurs chansons pour eux, afin d’élargir leur répertoire. Nous préparons d’ailleurs un disque commun.
Vous employez souvent le terme informations…
Parce que je pense que l’urgence est là. Il s’agit de trouver, chacun selon son talent, les mots, les couleurs, les musiques qui vont permettre de transmettre, avec intelligence, les quelques infos qui peuvent remettre quelqu’un sur la route de Celui qui frappe à notre porte.
Mais comment entendre sa voix, si tout est brouillé par des discours absurdes, tout autour ?
L’Évangile se traduit « Bonne Nouvelle », c’est donc une information qui est bonne. Je ne réduis pas l’Évangile à une simple information, mais c’est le point de départ d’une rencontre avec le Christ. Or, pour alimenter une réflexion sur ces sujets il existe un certain nombre d’informations qui ne sont pas directement « religieuses » et qui peuvent être facilement transmises à des personnes allergiques au « religieux ».
Vous auriez un exemple d’info non religieuse ?
Oui, prenons cette information qui démarre la Bd sur « Les indices pensables » : les Hébreux sont les seuls de l’Antiquité à avoir affirmé que le soleil n’était pas éternel. Ils étaient les seuls à avoir raison. Ça c’est intéressant. Voilà enfin un sujet qu’on peut aborder avec des collègues, à table, ou dans la cour du lycée, à la cafétéria de la fac, car ce n’est pas un sujet directement « religieux ».
Les Hébreux disaient ça ? Ah ? Je ne savais pas. Mais alors, cette civilisation mérite qu’on se penche un peu sur elle…Qu’on s’y intéresse…
On ne peut pas tirer de conclusions d’un seul exemple. Les Hébreux ont-ils formulé d’autres affirmations dont nos scientifiques peuvent vérifier la validité ?
C’est une question qu’on me pose souvent. La réponse est : oui, ils ont aussi certifié que l’univers entier s’usait… Ce qui est aujourd’hui vérifié.
Oui, ils ont écrit que la création n’avait pas eu lieu « d’un seul coup » : simultanément, mais par étapes. Ce que d’ailleurs, les Platoniciens vont leur reprocher (ainsi qu’aux docteurs chrétiens qui adoptent cette vision du monde) : « Ah ? Votre dieu n’est pas capable de créer d’un seul coup ? Il n’est pas très puissant ! »
Nous ne savons pas pourquoi le Créateur procède par étapes, mais sur ce point encore, les prophètes hébreux avaient vu juste. Tiens, ça commence à faire pas mal d’indices qui attirent notre attention sur ce peuple… Voilà qui peut inciter à enquêter sur eux : qui sont-ils ? Comment ont-ils su tout cela bien avant tout le monde ? Comment se fait-il que notre connaissance de l’univers confirme leurs propos ?
Vous pensez que ces « informations » peuvent amener des gens à la foi ?
Je constate que les animateurs de catéchèse découvrent là un secteur peu ou pas exploré.
Ceux que j’ai pu rencontrer récemment à Marseille comme leurs collègues de Lille, de Saint-Émillion ou de Toulouse, chaque fois ils sont heureux de trouver des éléments pour répondre aux questions exigeantes de leurs jeunes qui ont du mal à avaler un Credo sans relation directe avec l’univers réel.
On sait que la foi est un don de Dieu : La grâce peut vous tomber dessus sans prévenir, comme pour S. Paul, S. François d’Assise, Charles de Foucauld et bien d’autres.
Mais cette méthode n’est pas la seule. Vous pouvez aussi recevoir la grâce et l’accueillir à la suite d’une recherche authentique. Je connais des anciens athées irréductibles qui sont devenus chrétiens à partir d’une démarche de l’intelligence. Si un déclic se produit, des gens de toutes générations peuvent se remettre à chercher, à condition de percevoir que l’idée de Dieu n’est pas incompatible avec la raison :
Ce n’est pas pour rien que Jean-Paul II et Benoît XVI ont insisté à ce sujet.
C’est aussi ce que pense l’Église : « Dieu peut être connu par la lumière naturelle de la raison humaine, à partir des êtres créés, d’une manière certaine. » (Vatican I)
Il ne suffit pas de dire « il faut croire », il s’agit de montrer s’il y a des raisons de croire, c’est-à-dire : d’adhérer à l’enseignement des prophètes et du Christ qu’on appelle la Révélation.
Je pense que ces informations transmises par la poésie, la musique, le dessin et des sketches sont en mesure de remettre en chemin des personnes qui avaient laissé tomber toute recherche en ce sens comme s’il s’agissait d’une voie sans issue. Une voie encombrée par un passé ressenti par beaucoup comme trop lourd et poussiéreux pour que ça vaille la peine d’envisager d’aller par là. Il me semble que « préparer les chemins du Seigneur », c’est montrer aux gens que cette direction n’est pas incompatible avec la raison, elle est même sans doute, la plus compatible. On peut alors aller à l’essentiel.
Au mot « Évangélisation », je préfère celui de mission d’information, ou, si je puis me permettre ce néologisme : « inform-mission ».
L’inform-mission. c’est la communication d’infos susceptibles de déclencher le déclic qui va aider quelqu’un à ressortir des oubliettes le dossier Jésus qui y dormait, sous les sables…