L’encyclique Caritas in veritate était très attendue ce mardi. Elle intervient dans un contexte de crise internationale qui impose une intense réflexion sur la marche et les finalités de l’économie. C’est fort d’une sagesse ancienne que le Pape intervient dans un domaine qui ne relève pas seulement des régulations techniques. François Perroux, le grand économiste qui avait participé à l’élaboration de Populorum progressio, ne craignait pas d’affirmer : « Le retour vigoureux à la lettre et à l’esprit de l’Évangile, loin d’étioler la science et la technique, les stimule. » Nul doute que la nouvelle intervention du Pape ne stimule tous les responsables aux prises avec les difficultés d’une planète bouleversée et les révisions drastiques que devraient imposer les perspectives d’une sortie de crise.
La lettre que Benoît XVI vient d’adresser au président du Conseil italien à l’occasion de la réunion du G8, qui se tient dans la région récemment sinistrée de l’Aquila, est comme une première introduction à l’encyclique. Le Pape y associe étroitement « les défis de la crise économico-financière » avec « les données préoccupantes du phénomène des changements climatiques ». En d’autres termes, c’est à un examen global de la situation du monde qu’il invite, dans un respect têtu des réalités. L’impératif écologique intervient désormais comme donnée primordiale de l’aménagement économique, ce qui implique de multiples conséquences dans les modes de production et le contenu d’une croissance dont ces paramètres sont à revoir profondément.
Benoît XVI insiste également sur la solidarité avec les peuples pauvres, en raison des risques pour certains de tomber dans la misère extrême avec le désengagement des nations riches et la réduction dramatique des plans d’aide internationale. Aussi souhaite-t-il ardemment qu’on investisse d’abord dans la ressource humaine, parce qu’elle constitue le moyen essentiel pour lutter contre la récession et pour promouvoir le « développement durable ». Dans la même ligne, l’éducation est un objectif de premier plan parce qu’elle est la condition de fonctionnement de la démocratie, de la prévention de la corruption, de l’exercice de tous les droits et de la maîtrise de l’économie. Bien sûr, on conçoit que l’éthique acquière dans cette perspective une valeur essentielle, parce que c’est elle qui inscrit le travail et la production dans l’horizon des exigences concrètes : « La création réelle d’emplois pour tous, qui permettent aux hommes et aux femmes de pourvoir dignement aux besoins de la famille », « de l’éducation des enfants » et de leurs responsabilités dans leurs communautés de vie. Autant de sujets sur lesquels l’encyclique Caritas in veritate doit permettre de revenir amplement.
Synthèse de l’encyclique sur le site de Radio-Vatican
http://www.oecumene.radiovaticana.org/FR1/Articolo.asp?c=300468
Texte complet sur le site du Vatican :
