D’après Javier Legorreta, chef de la section latino-américaine de l’AED, l’Église bolivienne commencerait à devenir « une Église persécutée, une Église souffrante qui est en grande détresse ». Par exemple, Monsieur Legorreta rapporte que le 5 mai dernier, une chapelle ainsi que d’autres bâtiments de la paroisse locale ont été détruits dans la ville de Villa Ingenio (diocèse d’El Alto). De plus, ces événements ne seraient pas des cas isolés.
Selon les détails qui ont été rapportés, les membres d’un « groupe de voisinage », se faisant appeler « junta de Vecinos », avaient occupé le bâtiment à Villa Ingenio et obligé le curé, le père Hilarion Perez, à signer une autorisation écrite de démolition. Les malfaiteurs auraient vivement intimidé le prêtre pour qu’il signe, et auraient menacé de faire sauter les bâtiments à la dynamite s’il ne signait pas immédiatement. Pour ne pas mettre en péril la sécurité de ses paroissiens, le père Perez aurait signé le document. Peu de temps après, des représentants des autorités communales auraient commencé à détruire la chapelle à l’aide de machineries lourdes, ainsi que les bâtiments paroissiaux voisins, qui avaient été construits entre 1986 et 1988. Le président de la municipalité, Rolando Aruquipa, a donné comme raison officielle de la démolition, la construction prochaine à cet emplacement, d’une unité de soins médicaux. Par contre d’après Monsieur Legorreta, une telle installation existerait déjà non loin de la chapelle démolit.
L’évêque du diocèse d’El Alto, Mgr Jesus Juarez, a indiqué à propos de ces événements que l’Église n’était pas contre un centre de santé, mais qu’elle n’était pas d’accord avec les méthodes utilisées lors de la destruction de la chapelle. Ce traitement a été la cause de douleurs profondes dans la paroisse catholique. Mgr Juarez a ajouté qu’il a demandé aux autorités locales et nationales de garantir la sécurité des croyants ainsi que de protéger les installations de l’Église catholique. Ces dernières procuraient un service social et missionnaire important. L’évêque a également rappelé aux politiciens que la protection et la sécurité des églises sont compatibles avec le droit à la liberté de culte, tel que défini dans la constitution bolivienne.
Les reproches du président
À propos de la situation générale en Bolivie, Monsieur Legorreta, estime que l’Église s’efforce de créer un climat de dialogue et de paix. Mais les signes d’hostilité de la part du gouvernement deviendraient de plus en plus importants. Ainsi, le Président bolivien Evo Morales aurait reproché à l’Église catholique – dans son discours lors du forum social mondial au Brésil en janvier dernier, d’être un « ennemi de la paix ». Monsieur Morales aurait alors réclamé pour son pays « une autre foi, une autre religion et une autre Église ». Le Président aurait clairement dit que l’Église catholique était son plus grand adversaire pour la réforme du pays, et littéralement proclamé : « Nous devons la remplacer ! »
Monsieur Legoretta estime que cette exigence n’est pas en mesure de contribuer à la paix dans un pays à majorité catholique. Il déplore que la liberté d’opinion et de religion « se soit détériorée de façon continue » en Bolivie, de la même façon qu’au Venezuela. Une des grandes priorités de l’AED est maintenant d’aider les églises locales à garantir, devant notaire, leurs possessions foncières, afin qu’elles disposent d’un appui juridique. Monsieur Legorreta affirme que c’est important avant tout parce qu’autrefois, l’Église entrait en possession de certains terrains au moyen de cessions effectuées de gré à gré, « avec pas plus qu’une poignée de main », et que maintenant, elle est menacée d’expropriation arbitraire.
Voir un article espagnol sur la démolition sur le site web de « El Diario » :
http://www.eldiario.net/noticias/2009/2009_05/nt090506/5_23nal.php