Le dialogue dans l'Église - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le dialogue dans l’Église

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À l’occasion de la Pentecôte, notre confrère La Croix a pris l’initiative d’un dossier sur « les catholiques au risque du dialogue ? » Beau sujet à l’heure où les chrétiens invoquent l’Esprit Saint, en intercédant pour recevoir ses dons si précieux à la formation de l’intelligence et du cœur. Le dialogue ne se conçoit pas d’abord sans une conversion intérieure, qui libère les facultés d’écoute ou de réflexion. Il ne suffit pas de sa bonne volonté dans une démarche toujours onéreuse qui réclame que l’on puise au plus profond de ses ressources intérieures. Il est si facile de se réclamer du débat pour mieux asséner ses idées toutes faites sur l’Église, la société et le monde tel qu’il va. Et il y a parfois une grande violence de la part de qui entend interpeller l’autorité, pour la sommer, en définitive, de s’aligner sur l’opinion la plus dominante et la mieux en cour dans le milieu où se formule la pensée unique. On l’a bien vu dans les controverses des mois derniers où il était extrêmement difficile de faire entendre seulement un avis en dissonance avec la campagne antipapale.
Il est vrai que les remous provoqués par la levée des excommunications des évêques lefebvristes ont révélé un malaise qu’il faudra analyser pendant longtemps. L’affaire Williamson a été une véritable aubaine pour ceux qui refusaient a priori toute démarche de rapprochement. Il était si commode d’affirmer la vanité d’une conciliation avec des gens suspects par principe. Pourquoi ne s’est-on pas interrogé sur l’étrange fragilité de ceux qui craignaient l’éventuelle réintégration de quelques milliers de « dissidents ». Fallait-il qu’ils soient mal assurés dans leur conviction pour ressentir comme un tremblement de terre ce qui n’était qu’un événement de la vie romaine et universelle de l’Église, parmi beaucoup d’autres ! Pardon, objecte-t-on à l’instigation du sociologue Jean-Marie Donegani, mais il s’agissait d’une affaire extrêmement sensible parce qu’elle mettait en jeu l’identification des catholiques avec leur Église soupçonnée de sortir de ses marques conciliaires ! En ce cas, si c’est si grave, il faut alors discuter du fond. Le fond, c’est bien l’enseignement de Vatican II et ses prolongements au sein d’une civilisation qui, de fait, n’est plus celle des années soixante.

Au lieu de mener une discussion serrée et éclairée sur de tels enjeux, il nous paraît que les réflexes de rejet ont joué au détriment d’une démarche d’approfondissement. Cela rend – que nos amis de La Croix pardonnent cette insolence – un peu incongrue la revendication pour le dialogue. On ne débat que si on accepte l’interlocuteur différent de vous et si l’on ne l’enferme pas par avance dans une identité qui l’excommunie à jamais. Sans doute, les efforts doivent-ils être réciproques et faut-il un minimum de confiance pour accepter de faire route ensemble sur un chemin qui, de l’avis des principaux intéressés, sera forcément long et pénible. Pour un vrai débat dans l’Église, il est temps que tous s’y mettent, dans une vraie disposition d’accueil à l’Esprit Saint.