L'affaire de la revue Die Aula - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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L’affaire de la revue Die Aula

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15 avril

J’espère que l’on va bientôt en terminer avec tout cette hystérie anti-papale. Mais certains sont aux aguets pour relancer la machine, escomptant une déstabilisation du pape. Ce qui relève d’une douce illusion. On ne renverse pas l’évêque de Rome comme on renverse un gouvernement. Édouard Husson m’avait averti de la dernière offensive du Spiegel l’hebdomadaire de Hambourg qui mène la danse depuis janvier. J’ai constaté que Pierre Assouline avait relayé le Spiegel sur son blog du Monde, provoquant des réactions en séries. L’affaire est assez minable, puisqu’il s’agit de prouver que le scandale Williamson n’était pas sans précédent, le cardinal Ratzinger ayant confié en une occasion un de ses textes à une revue autrichienne suspecte de liens avec des négationnistes. Il suffisait de lire l’article en question pour savoir que l’incrimination était particulièrement sordide. Peut-on suspecter de négationnisme ou de complicité avec des négationnistes l’auteur d’un texte ou le nazisme est sévèrement condamné ? Mais ces gens ne reculent devant aucun procédé.

Tout est mensonger dans leur montage. Ils ont ainsi prétendu que l’article du cardinal constituait « une charge virulente contre les libertés individuelles et le système démocratique ». Ce que dément le texte par lui-même, si on se donne la peine de le lire. D’ailleurs, il est aisément accessible en français, puisqu’il figure dans le deuxième tome de « la communion de la foi », paru récemment aux éditions Parole et Silence. Il s’agit de la reprise de tous les articles publiés par Joseph Ratzinger dans la revue de théologie internationale Communio. « Liberté et Vérité », l’article en cause a paru pour la première fois dans le numéro d’avril 1999, sans susciter le moindre émoi. Je viens de le relire et retrouve l’équilibre habituel de la démarche de Joseph Ratzinger qui propose un regard éclairé sur les concepts et le fonctionnement de notre démocratie libérale. Je ne vois pas en quoi sa fermeté pourrait être assimilée à de la virulence. A ce compte, Alexis de Tocqueville serait considéré comme un furieux !

Mais les manipulateurs de cette campagne jouent sur le fait que le cardinal avait laissé le droit à la revue autrichienne intitulée « Die Aula » la faculté de reprendre son texte. Ils arguent d’une correspondance reproduite par le Spiegel entre le secrétaire du cardinal et Die Aula pour établir une complicité idéologique qui n’est que dans leur tête. Il semble, par ailleurs, que le secrétaire a été trompé par une homonymie: le numéro de la revue autrichienne en cause était un hors-série paraissant sous le même titre qu’une petite revue internationale de l’ordre bénédictin (Erbe und Auftrag). Mais ce détail n’impressionne guère nos procureurs déchainés. J’ai pu me rendre compte, en allant sur divers blogs (Le Monde, Rue 89…) que les affirmations les plus péremptoires pouvaient être proférées par des gens d’une rare animosité. Par chance, la liberté d’expression permet qu’ils soient contrés par d’autres plus sérieux et qui vérifient avant d’affirmer. Mais au total, cette lecture rend peu optimiste quant à l’honnêteté et l’équité générales, d’autant que ceux qui collaborent à ces blogs se réclament d’un certain niveau de culture. Mais la culture ne rend pas forcément meilleur. Ainsi quelques correspondants de Rue89 esquissent un rapprochement de la pensée de Joseph Ratzinger avec celle de Carl Schmitt, ce qui est assez croquignolesque. Ça fait sérieux, supérieurement informé et subtilement amené, mais ce n’est absolument pas pertinent.

Et puis il y a tout le reste, les insultes, les moqueries, les jeux de mots douteux. Voilà un joli florilège de l’anticléricalisme actuel bénéficiant de l’hospitalité des meilleurs titres de notre presse ! Je sors de cette petite exploration avec une envie de vomir… Faut-il répéter qu’il était dit dans l’article épinglé que le nazisme était, avec le communisme, « le plus grand système d’esclavage des temps modernes » ?