Bilan d'une visite cruciale - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Bilan d’une visite cruciale

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C’est le président Shimon Peres qui a su trouver le mot de conclusion du voyage du Saint-Père en Terre sainte. Alors que nombre de commentateurs des médias israéliens énonçaient des réserves et des déceptions, cette grande figure de l’État d’Israël n’a pas hésité à dire que d’ores et déjà cette visite serait inscrite dans « les livres d’histoire ». Et il a précisé : « J’observe l’histoire des relations entre le christianisme, le catholicisme et le judaïsme depuis 2000 ans, nous sommes aujourd’hui à la meilleure saison. Je ne dirai pas que tout est parfait, cela ne peut l’être, mais c’est la meilleure saison que nous n’ayons jamais connue » (Le Parisien, 14 mai). Il est réconfortant d’entendre enfin des propos inspirés par la seule sagesse hors des polémiques empoisonnantes que nous avons connues depuis janvier. Shimon Peres a également approuvé les propos du Pape sur un règlement de paix et même à propos du mur, signifiant qu’il fallait arrêter sa construction.

Certes, on sait qu’entre le Président et le nouveau Premier ministre d’Israël, il y a de fortes divergences d’appréciation sur la conduite à tenir avec les Palestiniens. Il est d’autant plus précieux que la solution préconisée par Benoît XVI pour la coexistence de deux États assurés l’un et l’autre de la même sécurité, ait reçu l’appui d’un homme qui, par son passé et son autorité morale, incarne l’histoire de son pays. Voilà qui nous console de la campagne malveillante contre un pape « membre des jeunesses hitlériennes et soldat de la Wehrmacht ». On s’étonne d’une telle mauvaise foi, d’autant que tout journaliste sérieux devrait savoir que c’est à son corps défendant que le jeune Joseph Ratzinger fut enrôlé par l’État nazi, qu’il n’eut de cesse d’être libéré d’obligations qui pesaient sur tous ses concitoyens et qu’au demeurant, il déserta de l’armée allemande. On devrait savoir aussi qu’élevé par un père hostile au national-socialisme, le futur pape ne cessa d’espérer la fin du cauchemar hitlérien, qu’il n’encourt aucune responsabilité dans une tragédie qu’il a toujours considérée comme un crime abominable.

Il faudra relire l’admirable méditation au mémorial Yad Vashem qui reprenait la thématique biblique et judaïque du nom. Devant Dieu, les millions de victimes de la Shoah n’ont pas perdu l’identité que leurs exterminateurs auraient voulu effacer à jamais. C’est donc à la mémoire des hommes, des femmes et des enfants du peuple juif que le Pape voulait rendre hommage à l’encontre de la volonté criminelle des bourreaux. Benoît XVI, dans son ultime allocution, au moment de son départ de l’aéroport de Tel-Aviv, a conclu sa méditation dans les termes les plus forts qu’on puisse concevoir en langage chrétien. Nous sommes les branches greffées sur l’olivier franc qu’est toujours Israël. Son accolade avec le président israélien s’ajoutait à toutes les images inoubliables de cette visite. Pour la première fois, un Pape avait aussi foulé l’esplanade du Temple et pénétré dans la mosquée d’Omar. À Nazareth, rabbins et imams avaient tenu les mains de Benoît XVI pour une intercession au Dieu unique. Oui, il fallait que la succession de Jean-Paul II poursuive la grande tâche de réconciliation à l’heure où celle-ci paraissait relever de l’impossible.

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