La Commission américaine internationale sur la liberté religieuse visitera l’État de l’Orissa le mois prochain (juin), avant de publier un rapport vers la fin de l’été.
Dans une entrevue accordée à l’Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Raphael Cheenath, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, a dit se réjouir de l’intérêt de cette commission pour l’Orissa, déclarant espérer que celle-ci pourra persuader les autorités indiennes de faire plus pour protéger les droits des minorités. « Si une entité indépendante peut forcer le gouvernement local à mettre en pratique les dispositions de la constitution [indienne] concernant la liberté religieuse, cela serait bon pour toutes les minorités », a indiqué Mgr Cheenath.
La visite de la commission survient huit mois après que deux vagues de violences antichrétiennes, en 2007 et 2008, aient balayé le district de Kandhamal. Plus de 80 personnes y ont trouvé la mort et près de 6000 personnes se sont retrouvées sans abris. De plus, près de 30 000 personnes ont dû fuir leurs villages, dans une véritable avalanche d’attaques orchestrées par des militants hindous. Plusieurs milliers de personnes ne sont toujours pas retournées chez eux, et plusieurs autres ont quitté l’Orissa pour refaire leur vie ailleurs en Inde.
Depuis les attaques, Mgr Cheenath a indiqué être de plus en plus frustré à cause du manque de volonté du gouvernement de punir ceux qui sont responsables des attaques et son échec manifeste à organiser de façon appropriée la protection policière, aussi bien qu’à donner une compensation financière suffisante aux victimes.
Les informations détenues par l’AED viennent confirmer les inquiétudes de l’archevêque à propos des intimidations dont ont été victimes les chrétiens durant les récentes élections générales, incluant des menaces de poursuites, ou même, des menaces de mort, si les chrétiens refusaient de voter pour les partis extrémistes. Dans l’entrevue qu’il a accordée la semaine dernière à l’AED, Mgr Cheenath a souligné que les chrétiens ne sont pas le seul groupe à être harcelé par les militants hindous; les bouddhistes et les musulmans font également face à ce problème.
Les commentaires de Mgr Cheenath suivent de près ceux de Mgr Stanislaus Fernandes, secrétaire général de la conférence des évêques catholiques de l’Inde, et rapportés par Asia News. Mgr Fernandes a salué la venue de la commission américaine, et a déclaré espérer que celle-ci contribue « à accélérer la voie de la justice pour les chrétiens du Kandhamal ».
« L’Église n’est pas en train de chercher à se venger – comme chrétiens nous pardonnons », a indiqué Mgr Fernandes, ajoutant que « quoi qu’il en soit, comme agente de paix, l’Église cherche la justice, qui est essentielle pour la paix, et la réconciliation qui est essentielle dans le processus de reconstruction et d’édification d’une paix durable, et de stabilité entre les communautés. »
L’AED soutient des programmes favorisant la paix, sous les auspices de Mgr Cheenath, dans les endroits où il y a des craintes que les chrétiens continuent à être la cible d’attaques. En tant que parties prenantes de ces projets, tous les groupes – spécialement les jeunes – vont être encouragés à s’engager dans des activités pour aider à reconstruire la confiance et la coopération.
En plus de visiter l’Orissa, la Commission américaine internationale sur la liberté religieuse va également visiter le Gujarat, dans l’ouest de l’Inde, où en 2002, plus de 1000 musulmans sont morts dans des affrontements avec des hindous.
En septembre 2008, la Commission avait envoyé une lettre au président d’alors, George W. Bush, l’exhortant à exprimer ses préoccupations concernant les violences contre les chrétiens dans l’Orissa, ainsi qu’à aborder le sujet de la violence et de l’intolérance entre les différentes communautés religieuses de l’Inde, avec le premier ministre Manmohan Singh.
La Commission ne sera pas la première instance de ce genre à visiter la région afin d’enquêter sur le problème de la liberté religieuse. Asma Jahangir, rapporteure spéciale de l’ONU sur la liberté religieuse et la liberté de croyance, avait visité l’Inde en mars 2008, afin d’enquêter sur la violence de décembre 2007 en Orissa. Dans son rapport, publié en février dernier, Mme Jahangir avait noté que les groupes extrémistes ont répandu la haine religieuse, ce qui a « déclenché une peur omni présente de violences de masse ».
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Inde : profonde déception dans l’Orissa
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.