Une seule famille humaine - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Une seule famille humaine

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Dimanche, lors de l’Angélus, Benoît XVI a précisé comment il concevait la thématique de la conférence réunie à Genève pour lutter contre le racisme et la discrimination qu’il induit. En quelques formules, le Pape a rappelé en quoi la haine de l’autre est contraire à l’esprit humain et chrétien. C’est à partir de la certitude que « tous les peuples, les personnes forment une seule famille humaine riche en diversité » que l’humanité devrait progresser. Car il s’agit d’un patrimoine commun, source du développement de la civilisation et de la culture. Et le Pape d’ajouter : « L’Église affirme que seule la reconnaissance de la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu constitue le socle d’une société respectueuse de la personne et de ses droits fondamentaux. » En ces simples mots, une des querelles sous-jacente aux discussions préparatoires de la conférence se trouve ainsi arbitrée. En effet, certains partenaires musulmans auraient voulu que le blasphème et l’esprit antireligieux soient explicitement dénoncés, tandis que d’autres s’y opposaient fermement au nom des droits de l’homme et de l’esprit critique. Benoît XVI se refuse à cautionner une telle opposition, en rappelant que la dignité de la personne est directement reliée à sa ressemblance divine.

Au dix-neuvième siècle, l’Église catholique s’était trouvée en opposition avec une certaine conception d’un humanisme explicitement ou sournoisement en lutte avec la foi religieuse. Elle est sortie de cet affrontement en montrant en quoi les droits de l’homme se trouvaient confortés et non pas niés par l’Alliance que Dieu opère avec l’humanité. Il est vrai que cette évolution a déterminé des modifications législatives où, par exemple, le grief de blasphème a été écarté. Les pays qui sont attachés à une forme de droit religieux ont du mal à accepter ce qu’ils considèrent comme une impiété. Mais ils devraient observer le déplacement qui s’est produit dans les sociétés sécularisées. Celles-ci condamnent sévèrement les atteintes à la dignité humaine et les transgressions de la mémoire des événements les plus douloureux de l’Histoire, celle de la Shoah étant, en Occident, le symbole même d’une forme de sacralité moderne. On n’expulse pas si facilement le sacré de l’Histoire. Et si l’on paraît abandonner la transcendance au profit de l’humanité, c’est que cette dernière s’en trouve investie mystérieusement et qu’elle est toujours porteuse d’une origine qui la dépasse.

Il reste à espérer que Genève ne reproduise pas les calamités (antisémites) de Durban en 2001 et qu’une réflexion commune permettra à toutes les sensibilités de se retrouver dans la fraternité des peuples au sein d’une seule famille humaine.

Gérard LECLERC