S’il est vrai que dans le débat qui oppose Christine Boutin à Nadine Morano sur l’autorité du beau-parent à l’intérieur du couple homosexuel, le président Sarkozy a donné tort à la première, il doit recevoir moralement un carton rouge. Car l’affaire est singulièrement grave, même si son enjeu risque d’être dénaturé par un appel au compassionnel. Il s’agit, en effet, de savoir si l’ordre symbolique de la parenté qui, seul, préserve les droits inaliénables de l’enfant, peut être transgressé. L’intégrité morale du genre humain est trop fragile pour qu’on bouleverse les règles élémentaires de sa sauvegarde, dont le respect de la différence sexuelle et la filiation biologique constituent les bases essentielles. Ces dernières bafouées, c’est la confusion qui s’instaure avec le risque certain d’une prolifération des bricolages destinés à s’approprier des enfants détachés de toute légitimité parentale. L’Alliance pour les Droits de la Vie attire à juste titre l’attention sur le lien direct entre la reconnaissance de facto de l’autorité des couples homosexuels sur enfants avec le détournement de la bioéthique.
Par ailleurs, il convient de dénoncer sans attendre la campagne qui se lève pour stigmatiser Christine Boutin sous le chef d’homophobie et d’idéologie réactionnaire. Le second grief fut familier aux régimes totalitaires férus d’avant-gardisme et de futurisme, pour faire taire les défenseurs des droits les plus imprescriptibles. Le premier n’est pas de meilleure facture. Il veut faire croire que le refus de la transgression s’explique par « haine des homosexuels », ce qui est pure calomnie. Le concept de l’homophobie a été forgé pour faire taire toute critique et toute opposition à des revendications qui vont bien au-delà du respect des individus et de leur droit à être protégés des agressions injustes. S’il arrive malheureusement encore que les homosexuels soient maltraités, comme tous les citoyens ils doivent bénéficier de la protection de l’ordre public. Mais lorsqu’une certaine victimisation s’empare d’une cause, c’est souvent au prix d’un retournement intellectuel qui brouille les perspectives. Après tout, le communisme a fondé des décennies durant, son ordre terroriste sur la dénonciation de la misère des travailleurs. On voudrait aujourd’hui justifier une révolution symbolique par le malheur homosexuel. C’est à la fois une supercherie et une atteinte à la justice.
Gérard LECLERC
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