Darwin et la foi - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Darwin et la foi

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Le deuxième centenaire de la naissance de Charles Darwin (12 février 1809) donne lieu à de multiples manifestations et publications. L’auteur du célèbre « de l’origine des espèces » se trouve à l’initiative d’une révolution scientifique dont Freud pensait qu’elle avait renouvelé le paradigme de notre représentation du monde autant que la révolution galiléenne au XVIe siècle et la sienne propre dans l’ordre anthropologique. En dépit des nombreuses résistances auxquelles s’est longtemps heurtée la notion d’un évolutionnisme généralisé, elle a fini par être adoptée par l’ensemble de la communauté scientifique. Pourtant, une opposition ne faiblit pas à l’encontre du naturaliste et de sa théorie, c’est celle du monde évangélique américain et de ses diverses ramifications qui s’obstinent à brandir les récits bibliques de la création conçue comme la seule référence possible pour déterminer la véritable origine de l’homme.

L’Église catholique et la plupart des confessions chrétiennes récusent ce « fondamentalisme biblique », qui confère à des textes religieux une autorité scientifique que leur genre littéraire suffit à démentir. Ainsi, Jean-Paul II dans une mise au point particulièrement aiguë avait déclaré que « l’évolution était plus qu’une hypothèse scientifique ». Il s’agit de ne pas se tromper de domaine, en confondant les degrés du savoir. La Genèse ne nous dit rien qui puisse être traduit en termes de géologie, de biologie et même d’anthropogénèse. L’éclairage spécifique qu’elle continue à apporter et qui s’impose au-delà des révolutions de la science concerne les rapports de Dieu avec l’humanité, la constitution intime de l’homme, avec sa faiblesse par rapport au mal, sa possibilité de rédemption et son progrès dans la justice divine.

Bien sûr, il y a des problèmes frontières qui imposent des confrontations entre la raison et la foi, ne serait-ce que celui posé par la différence spécifique de l’homme par rapport à la nature. Le darwinisme n’a pas été exempt de déviations à la suite de son fondateur et malgré lui. La principale a consisté dans un « darwinisme social » qui voulait étendre la sélection naturelle aux relations humaines, générant parfois des théorisations racistes. Il est vrai également que certains courants ont voulu tirer des conséquences philosophiques de Darwin dans le sens de l’athéisme ou du matérialisme. Mais Darwin s’était opposé par avance au scientisme, en affirmant que l’énigme métaphysique se situait hors du domaine de l’intelligence empirique. C’est pourquoi il paraît assez vain d’invoquer son autorité pour arbitrer des débats qui sont d’un autre ordre.

Gérard Leclerc

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