Pakistan : reconstruire malgré la violence et l'intimidation - France Catholique
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Pakistan : reconstruire malgré la violence et l’intimidation

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L’AED accorde un soutien de près de 42 000 dollars canadien pour la reconstruction de l’église catholique Sainte-Marie de Sukkur, dans la province pakistanaise du Sindh, trois ans après que le gouvernement ait remis à plusieurs reprises son engagement de compenser pour les événements du printemps 2006. Cette promesse était venue seulement quelques semaines après que l’église catholique Sainte-Marie et l’église protestante voisine de Saint-Sauveur aient été brûlées par des islamistes qui se sont introduit dans l’édifice, brisant tout, même les statues. Ils ont même essayé de mettre en morceau le tabernacle.

Frustré par les ratages répétés du gouvernement à accorder la compensation, Mgr Max Rodrigues de Hyderabad a lancé une attaque contre les autorités. Dans une lettre à l’AED, Mgr Rodrigues écrit : « Le gouvernement a fait de grandes promesses pour restaurer l’église aussi vite que possible, mais à cause de la corruption, de la cupidité et de la bureaucratie, très peu a été fait. »

Se plaignant de ce que l’église soit restée en ruine ces trois dernières années, Mgr Rodrigues écrit encore : « Nous nous sentons honteux de dire que les décombres carbonisés et la saleté trainent encore sur le sol de notre église. » Quoique l’argent ait été par deux fois techniquement accordé, il n’est jamais parvenu à l’Église. Les fonds ont été retirés à deux occasions parce que les travaux de reconstruction n’avaient pas débutés dans les temps voulus, même si, dans les deux cas, ce n’était pas la faute de l’Église.

Dans sa lettre de demande de soutien à l’AED, Mgr Rodrigues indique : « L’argent qui a été approuvé a fait défaut deux fois, et nos gens célèbrent encore la Sainte Eucharistie en plein air ou dans une salle de l’école. »
Alors que se déroulaient les atrocités (le 19 février 2006), une équipe de l’AED venait tout juste d’arriver au Pakistan : elle avait offert immédiatement d’aider à la reconstruction de l’église après être venue la visiter. Mais l’évêque avait demandé à l’organisme d’attendre l’offre de compensation gouvernementale, avant d’accorder le surplus de fonds nécessaire pour l’agrandissement afin de pourvoir aux besoins de la communauté grandissante. L’évêque a décrit comment par la suite, il s’est servi de l’offre de soutien à la reconstruction, proposée par l’AED à plusieurs occasions, comme une contre-offre « pour forcer le gouvernement à reconstruire l’église tel que promis. » C’est seulement lorsqu’il a abandonné l’idée que le gouvernement aiderait qu’il a finalement accepté le soutien de l’AED. « Je suis très reconnaissant à l’Aide à l’Église en Détresse pour son vigoureux support humain, moral et financier pour notre population lésée de Sukkur et pour l’Église qui en ont vraiment besoin. »

Les deux églises voisines de Sainte-Marie et de Saint-Sauveur, respectivement catholique et protestante, sont des édifices de granit construits en 1889. Elles ont été considérablement endommagées dans les émeutes qui ont éclaté à la suite d’une rumeur, qui s’est avérée par la suite infondée, voulant qu’un chrétien ait brûlé quelques pages du Coran.

Les religieuses franciscaines vivant à Sainte-Marie ont failli perdre la vie après que les émeutiers aient attaqué leur couvent avec des cocktails molotov, mettant le feu à presque tout dans l’enceinte de l’église. Le pasteur protestant, le révérend Ilyas Saeed et sa famille de huit enfants ont dû sauter par une fenêtre de leur maison pour échapper aux flammes envahissant leur maison, située à côté de Saint-Sauveur.

Les attaques ont coïncidé avec la rage qui s’est étendue dans tout le monde musulman, concernant les caricatures du prophète Mahomet diffusées dans les pays occidentaux.

Dans sa lettre, Mgr Rodrigues conclut : « C’est un temps de persécution pour l’Église, mais les chrétiens de Sukkur sont fidèles à leur foi, malgré la violence et l’intimidation. »

John Newton et Mario Bard