Vœux congolais - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Vœux congolais

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RD Congo : Message des Trappistines de ND de Mvanda

« Nous désirons vous dire comment sommes-nous en train de vivre ce moment difficile ici en RDC… Sûrement vous avez eu des images et des nouvelles sur la guerre au Kivu.

Pour nous, ici à Kikwit, dans le Bandundu, aucun problème.

À DUNGU et dans les entourages – au Nord Est du pays – il y a plein de morts, de pillages, d’enlèvements d’enfants enrôlés [dans l’armée], de femmes violées,… de la part des soldats déréglés appartenants à l’ainsi dite « armée du Seigneur » qui vient de l’Ouganda. Et jusqu’à ce qu’ils ne les auront tous éliminés, il n’y aura pas de paix.

Depuis plus d’un an dans ce diocèse de Dungu il y a des milliers et milliers de bergers nomades infiltrés : les Bororo, provenant du Tchad. Avec leur argent ils payent les chefs et avec leur bétail ils conquièrent le territoire et détruisent les petits champs des Azandes.

Le KIVU (Bukavu, Goma,…) est, pour ainsi dire, notre Palestine !
Complètement à l’est du Pays, à la frontière avec le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda, il est depuis toujours un foyer de problèmes surtout à partir du génocide de 94 au Rwanda, quand des centaines des milliers de rwandais victimes et assassins – ont cherché refuge ici au Congo.

Durant tout le mois de janvier 2008 a eu lieu un grand rassemblement « Amami » (= paix) à Goma, avec la participation de toutes les parties concernées, 1200 représentants. Tous avaient parlé, tous avaient tout dit, tous avaient signés tous les traités. Le tout avait coûté plus de 5 milliards de dollars à la Communauté Internationale.

« Et nous espérions…. »… comme disaient les deux disciples d’Emmaüs. Mais la chose a drastiquement empirée le 28 aout dernier, avec la reprise des hostilités.

Il y a des grandes richesses (or, diamants, cobalt, coltan,pétrole, etc) et il y a aussi beaucoup de haine tribale, surtout entre Tutsi et Utu, entre Ema et Lendu. Ma la mauvaise réalité qui est derrière à tout cela est le Président du Rwanda, le Tutsi Kagame, qui envoie de l’avant son émissaire Laurent Kunda, lequel est en train de faire pratiquement une véritable guerre d’agression. Mais il n’y a pas que lui, il y a encore divers groupes et factions d’autre extraction, comme les Mai-Mai et le Banjamulenge.

À la frontière, les gens ont été toujours tellement habitués à passer sans problème d’ici à là et vice-versa, que maintenant, à cause des intérêts
économiques en jeu, est difficile de savoir qui est vraiment congolais et qui est rwandais. Pour eux c’est infiniment plus important de se reconnaître de la même tribu (et même physiquement ils sont très différents) que d’appartenir à la même nation, car pour la tribu on vit
et on meurt, tandis que la nation est quelque chose de floue, que l’on subit.
En tout cela il y a des intérêts internationaux qui souvent arment ou décident de loin …. ? , parce que toutes ces richesses – un scandale géologique – servent à tout le monde et dans le monde entier.
On connaît plus ou moins qui sont ceux qui soutiennent le Congo et – toujours plus ou moins – ceux qui soutiennent le Rwanda, mais il n’est jamais si clair que ça. L’arrivée même en masse des chinois, avec leurs contrats pharaoniques, complique les choses, crée des jalousies et peut être aussi des vengeances internationales.

En ce contexte, depuis 6 ans, la présence des Casques Bleus de l’ONU est presque scandaleuse. Ils sont 17000 – le contingent plus grand du monde – et coûtent un milliard de dollars par an à la communauté internationale. Une structure énorme qui est pratiquement très peu efficace, pour ne pas dire inutile, en risquant, donc, de se rendre complice du massacre.
Ici on dit d’eux « qu’ils arrivent toujours en retard et uniquement pour conter les morts ». Il y a deux semaines, un général espagnol [de la MONUC] a donné ses démissions justement à cause de cette incohérence.
Ces Casques Bleus sont presque tous Pakistanais, dirigés par des Indiens, mais même entre Pakistan et Inde les choses ne vont pas bien, et les ordres ne sont pas toujours exécutés…

Ce que tout le monde voit c’est la misère de ces pauvres gens qui, terrorisés, sont contraints de s’enfuir toujours des frontières pour survivre. Et malheureusement un des ses confins frontaliers est celui de l’armée congolaise. Les soldats congolais – appelés à défendre les gens – sont ceux qui, la nuit tombant, comme une bande d’affamés forcenés, assaillent, pillent violent et détruisent. L’autre jour on a su que seulement 5% de l’argent destiné par le gouvernement pour leur salaire est entré dans leurs poches. Le restant servira à bâtir de belles villas aux politiciens et aux responsables de l’armée. Il s’agit toujours de la « culture » du chasseur qui s’empare de la proie qui lui passe sous les yeux. Et la proie, en ce cas, ce sont les salaires de ces pauvres soldats, lesquels passent devant les yeux de trop de prédateurs, de sorte qu’à leur destinataire ne restent que des miettes, c’est-à-dire « l’article 15 » : « se débrouiller par n’importe quel moyen ». Et il faut dire que pour mettre en pratique cet « article 15 » ils sont des maîtres, autant plus s’ils ont une kalachnikov entre les mains.
Pour les premières élections en 2006, la Communauté Internationale a investi plus de 500 millions de dollars, et c’est presque miraculeusement qu’on y est arrivés. Mais depuis 1998, a l’exception de ces trois dernières années, on peut dire que le Pays a toujours été en guerre.

Or, il semble que maintenant l’Angola serait déjà entrée dans le jeu, par appel de notre président Kabila. Et, bien sûr, ces soldats angolais bien entraînés à côté des troupes congolaises, on les fait passer pour des
vieux résidents au Congo. Mais la chose est très délicate, parce que les autres aussi pourraient faire de même, et alors, comme après 1998, il pourrait se déclancher celle qu’on a appelé ‘la première guerre mondiale africaine », avec une douzaine d’Etats impliqué d’un côté et de l’autre.
C’est triste de penser qu’il n’y a qu’une semaine on a organisé à Nairobi, au Kenya, une grande réunion de tous les chefs d’Etat de la région avec le secrétaire de l’ONU, Ban Ki Moon et plusieurs facilitateurs internationaux exprès pour mettre fin à cette guerre.

Le résultat ? Une belle exhortation : « déposez les armes et respectez les traités ». Mais alors, qui s’est intéressé vraiment à la paix dans le Kivu ?
Il y a naturellement les secours humanitaires qui arrivent, malgré les difficultés politiques et logistiques, et beaucoup peuvent enfin manger, mais quel scandale pour l’humanité entière ! Quelle horreur !
Les statistiques disent qu’il y a au présent un million et demi de déplacés à la débandade ici et là, qui vivent dans la terreur, et que la guerre a fait, depuis 1998, 5 millions de morts, directement ou indirectement… Ce serait le plus grand massacre d’après la deuxième guerre mondiale. C’est une grande souffrance.

L’Eglise est très présente et c’est elle qui organise l’œuvre caritative, qui d’ailleurs est peu de chose vis-à-vis d’un si grave problème. Et même l’évêque de Bukavu, un congolais Hutu très dynamique, a prononcé un discours extrêmement fort à l’adresse du premier ministre lors de sa visite à Bukavu. Mais il doit être très prudent, car déjà deux de ses prédécesseurs ont été éliminés : Mgr Munzihirwa, jésuite, tué dans une
embuscade en 1996, et Mgr Kataliko, décédé à Rome probablement empoisonné, en 2004.

Quant à nous, petite réalité monastique au cœur de ce Pays splendide et immense, nous sommes bien loin de l’épicentre de la guerre, et nous ne courons aucun risque. Mais certainement nous portons le poids de cette situation avec nos gens, car il continue de créer pauvreté et misère.
Les problèmes de survie quotidienne de notre village de Kikoti c’est impossible de les décrire, et ce sont surtout les femmes et les enfants qui en portent le poids.

Notre communauté fait ce qu’elle peut pour partager et soulager les souffrances, les maladies, la faim et les malaises de toute sorte. Et surtout nous ne nous fatiguons pas d’implorer le Seigneur de l’Histoire pour demander la PAIX pour tous et pour chacun.

Notre louange s’élève sans cesse, nuit et jour, et le ciel superbement étoilé et beau de nos nuits africaines semble nous conforter dans la persévérance, en nous invitant à intercéder et à « mendier » : Dieu est Dieu et nous sommes à Lui…. Nous n’avons rien à craindre !
Merci de votre soutien dans la prière et de votre solidarité.
Le Dieu de Jésus Christ, Père de toute bonté soit pour chacun de vous source de Paix et d’Amour.

Bon temps de l’Avent à tous et à toutes

Vos sœurs Trappistines de ND de Mvanda RD Congo

Transmis par les Pères du Saint-Esprit

http://www.spiritains.org/psm/

Pentecôte sur le monde, le 17 décembre 2008