Soutien logique de la Mairie de Paris, de la Région Ile-de-France et de la Mutualité française pour le colloque du Mouvement français pour le planning familial (MFPF) annoncé les 19 et 20 septembre 2008, à la Maison de la Mutualité sur le thème : « droit à l’avortement : quels enjeux pour les femmes en Europe ? » Les séquences de cette manifestation traiteront du « droit à l’avortement en Europe », des « stratégies pour [l’]inscrire dans la loi », de la « reconnaissance du droit des femmes à disposer de leur corps », des relations entre « droit à l’avortement et éthique » (intégrant la question des « droits des professionnels à la clause de conscience ») et de l’avortement présenté comme « le choix des femmes ». Ces tables rondes seront animées par les représentants de trois associations régulièrement partenaires : le Planning familial, l’Association nationale des centre d’interruption de grossesse et de contraception (ANCIC) et la Coordination des associations pour le Droit à l’avortement et à la contraception (CADAC). Au terme de ces deux journées, le Planning familial présentera ses « perspectives et propositions ».
Alors que les lois européennes sont disparates, ces journées s’inscrivent dans la volonté du Planning familial d’obtenir la reconnaissance de l’avortement comme norme législative européenne. D’une part, le Planning entend peser sur les pays où la législation sur l’avortement est jugée « restrictive » comme l’Irlande, le Portugal et la Pologne (des représentants du Planning familial de ces trois pays interviendront, de même qu’un membre du groupe contestataire anglo-saxon « Catholics for free choice »). D’autre part, il s’agit, à terme, de pousser l’ensemble des pays de l’Union européenne à s’aligner sur les législations les plus permissives, selon la notion de « clause de la femme la plus favorisée ». Cela supposerait notamment une nouvelle loi hexagonale, le délai légal pour avorter étant plus long aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne.
Le colloque européen du Planning familial a pourtant reçu le très officiel label « Présidence française de l’Union » au risque d’indisposer certains gouvernements qui y seront mis en accusation mais également certains parlementaires français de la majorité qui se souviennent qu’au terme de la campagne présidentielle de 2007, le MFPF avait fait voter contre Nicolas Sarkozy, lui reprochant d’« incarner une droite brutale et radicalisée ». Le Planning avait ensuite appelé à « voter à gauche » aux législatives du juin en condamnant « l’insuffisance des politiques (…) concernant l’accès à la contraception et à l’IVG ».
Malgré cette posture historiquement constante, le programme du Planning annonce la venue de Roselyne Bachelot-Narquin. La ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative prononcera une allocution de clôture aux côtés de Françoise Laurant, présidente du Planning familial. Certes, le soutien de madame Bachelot à cette manifestation intervient un an après qu’elle a ajouté aux missions des centres de Planification Familiale et des Centres de Santé celle de délivrer le RU486 également dénommée « IVG médicamenteuse ». Cette disposition était une revendication du seul MFPF, et non pas de l’ensemble des Centres de planification.
Plus récemment, le 26 août 2008, le même MFPF a dénoncé comme une « offensive sournoise contre le droit à l’avortement » les décrets, signés des ministres de la Justice et de la Santé, organisant la possibilité d’inscrire les fœtus mort-nés sur les registres de l’état-civil et de les inhumer, en conformité avec un arrêt de la Cour de Cassation de février 2008. Au même moment, le Syngof (Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France), bien que lui aussi favorable à l’avortement légal, estimait au contraire que ces décrets représentaient « une grande avancée » car « ces textes (…) prennent enfin en compte la douleur des parents ».
Les positions outrancières du Planning n’ont pas l’air de rebuter le ministère de la Santé. Fin 2007, le MFPF n’avait-il pas été jusqu’à se dire solidaire du docteur Carlos Guillermo Morin, mis en examen à Barcelone pour avoir organisé des filières d’avortement tardif, au-delà de 8 mois de grossesse, en falsifiant les dossiers de ses patientes ?