Ces journées mondiales de la jeunesse à Sydney ont été riches de symboles. Universalité de l’Église « globalisée » plus que toute institution, élan d’un continent neuf, complexité anthropologique de populations diverses, blessures profondes du mal, difficultés à renaître… Certes, il y eut à ces JMJ un formidable élan de joie et de fraternité qui renouait avec la chaîne des rassemblements commencée il y a un quart de siècle. Mais jamais dans l’ignorance et le déni de la difficulté d’assumer le chemin de l’humanisation dans la grâce. Ce fut d’ailleurs l’essentiel de l’enseignement de Benoît XVI à la veillée du samedi soir et à l’homélie de dimanche. C’est l’Esprit Saint qui relève l’humanité, lui donne le courage de sans cesse renaître et sortir de ses ornières. Le Pape a trouvé les formules propres à résumer les enjeux et stimuler les énergies : « enrichis des dons de l’Esprit vous aurez la force d’aller au-delà des visions partielles, de l’utopie creuse, de la précarité de l’instant, pour offrir la cohérence et la certitude du témoignage chrétien. »
C’est devenu une habitude à propos de Benoît XVI. Mais il faut, une fois de plus, saluer la beauté et la profondeur des textes qu’il a mûris longuement dans la prière et la réflexion. La densité de ses interventions à Sydney ne peut que frapper qui se met à l’écoute de sa parole. Et fait, d’ores et déjà, pour nous autres Français, qui allons l’accueillir en septembre à Paris et à Lourdes, le moment de nous mettre en disposition d’écoute. Cet homme, revêtu de l’autorité apostolique, est un maître de sagesse, de raison et de culture, tout en étant l’interprète privilégié de la parole de Dieu. Ce qu’il a dit aux jeunes du monde s’adresse à tous les hommes en quête de vérité et d’unité intérieure. Ces propos sur le relativisme contemporain, qui fragmentent les vies et les dispersent faute d’horizon, sont d’un réalisme total et leurs implications sociales concernent d’ailleurs l’avenir le plus gravement compromis de la planète.
Qu’importe la difficulté philosophique et théologique du propos. Les jeunes ne l’ont pas intégré totalement sur le moment ? Ils le méditeront dans les semaines à venir, s’en imprégneront pour le traduire au fur et à mesure en résolutions qui ne manqueront pas d’orienter leurs destinées, à un moment où se préparent les grandes décisions. Ajoutons à cela que ce pape intellectuel est tout à fait conscient de sa responsabilité dans la conduite stratégique de l’Église au milieu des bouleversements actuels. Le choix de Madrid pour les prochaines JMJ est particulièrement judicieux. À l’heure où cette métropole européenne est tentée par les sirènes d’une modernité équivoque, il est bon d’y convoquer la jeunesse chrétienne pour donner à l’avenir un visage qui reflète l’Esprit à l’œuvre. Il s’agit de construire un nouvel âge conforme à la vocation des enfants de la terre, qui sont aussi et d’abord fils et filles de Dieu.