3115-La menace de la famine - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3115-La menace de la famine

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Drôle de début de troisième millénaire ! On nous prédisait la paix universelle grâce au règne d’un droit planétaire, une prospérité généralisée grâce à la toute puissance du marché. Nous en sommes aux émeutes de la faim. Les populations se soulèvent à Haïti, en Égypte, au Burkina-Faso, au Bangladesh pour demander à manger ! Et la situation n’a rien de « conjoncturel ». Les organisations internationales, comme le fonds monétaire ou la FAO, avertissent que le phénomène va s’aggraver en s’étendant plus largement à travers les continents, notamment l’Asie, et que la guerre pourrait en résulter. Les causes du renchérissement des produits alimentaires de base tiennent à plusieurs facteurs qui, en s’ajoutant, créent une tendance à l’emballement des plus préoccupantes. Le développement des biocarburants s’opère au détriment des surfaces cultivables vouées à la production alimentaire. Le réchauffement du climat crée des situations contrastées – sécheresse en Australie et en Asie centrale, inondations et ouragans en d’autres zones, hiver prolongé en Chine. L’évolution des modes de vie, avec l’émergence de pays nouvellement industrialisés, aboutit à un bouleversement de la demande avec un accroissement de la consommation de viande au détriment des plus pauvres. Pour couronner le tout, la spéculation s’est emparée du soja, du blé et du maïs qui sont devenus les nouvelles valeurs refuges au point d’augmenter de 10% le prix des denrées. Nous sommes en pleine folie.

Un sentiment élémentaire de solidarité humaine devrait
contraindre les dirigeants de la planète de s’entendre au plus vite afin de maîtriser des phénomènes qui, pour beaucoup, relèvent de la responsabilité des politiques et des grands décideurs de l’économie. Et puis la sagesse doit répondre à la folie. Le développement considérable des échanges qui s’explique en grande partie par la financiarisation de l’économie trouve d’évidence ses limites dans les désastres présents. N’a-t-on pas, de plus, sous-estimé l’importance de l’agriculture, notamment en Europe, en donnant crédit au mythe d’un paysan jardinier à l’encontre d’un paysan nourricier ? Les encycliques des papes depuis Jean XXIII et Paul VI avaient pourtant sensibilisé l’opinion internationale aux vraies questions du développement. On attend prochainement une encyclique de Benoît XVI en matière sociale. Elle est la bienvenue, pour rendre aux hommes et aux femmes de bonne volonté le sens des finalités de l’économie et de la plus urgente solidarité avec les peuples de la faim.