Alors que le climat social reste très tendu, avec la pauvreté et la violence qui augmentent, l’Église monte au créneau pour défendre la vie et la famille.
Bien que la grande majorité des Mexicains soient catholiques, l’article 29 de la Loi sur les associations religieuses interdit aux prêtres le prêche en faveur d’une association politique, d’un parti ou d’un candidat. Aussi, l’Église demande-t-elle au gouvernement fédéral d’amender la Constitution pour permettre aux évêques et aux prêtres le droit de prêcher sur des thèmes politiques et sociaux, sans être en porte-à-faux avec la loi.
L’Église catholique demande aussi que l’éducation religieuse soit autorisée dans les écoles publiques du pays. Le cardinal Norberto Rivera Carrera a déclaré que les changements proposés permettraient aux prélats de cesser d’être « des pseudo-citoyens ».
Quant au président du collège des juristes catholiques du Mexique, il a soutenu les propositions de l’Église catholique et a déclaré à l’agence catholique américaine CNS : « nous avons besoin de mener à bien ces réformes afin d’avoir une vraie liberté de religion au Mexique, ce que nous n’avons pas actuellement ».
L’Église souhaite ainsi pouvoir interpeller le gouvernement, notamment sur les questions sociales. Les évêques constatent par exemple qu’il existe encore une grave et injuste situation économique résultant, entre autres choses, de l’énorme concentration de la richesse dans les mains de quelques-uns et déclarent que la réforme fiscale en cours est nécessaire mais « insérée dans l’ensemble des réformes de fond encore en suspens et non moins urgentes », comme la réforme de l’éducation, des élections, de la justice et la réforme générale de l’État.
Deuxième plus grand pays catholique au monde (88% des 105 millions d’habitants), le nombre de catholiques est pourtant en baisse au Mexique. Durant les quinze dernières années, il a chuté de 4% selon l’archevêque de Morelia, Mgr Alberto Suarez, qui a attribué ces départs à la crise dans laquelle se trouve l’Église catholique en Amérique latine, à cause notamment de grandes déficiences dans l’évangélisation. C’est ainsi que l’évêque auxiliaire d’Acapulco, Mgr Juan Navarro Castellanos, a témoigné que son diocèse manquait d’aumôniers et de laïcs engagés ainsi que de services pour les problèmes urgents de pastorale.
L’Église au Mexique a décidé d’intensifier son action pastorale, notamment pour défendre la famille et la vie qui sont sérieusement attaquées : légalisation de l’avortement le 24 avril dernier, entrée en vigueur du PACS, projet de loi pro-euthanasie … Face à cette déferlante, l’Église veut développer une conscience plus grande chez les laïcs de la signification de la vie et de la famille et sur le besoin de maintenir le lien familial comme base de la société. Benoît XVI viendra lui-même soutenir l’Église dans cet engagement lors de la prochaine Rencontre Mondiale des Familles, qui aura lieu à Mexico du 13 au 18 janvier prochains.
Avec quelque 7 millions de fidèles, l’archidiocèse de Mexico, dirigé par le cardinal Norberto Rivera Carrera, est le plus grand diocèse du monde. Selon des données publiées par l’archevêché, seulement 6 % à 9 % d’entre eux fréquentent régulièrement la messe dominicale. Si tous les catholiques de Mexico allaient à la messe le dimanche, il n’y aurait pas assez de places dans les églises de la ville, et les prêtres devraient célébrer à l’air libre. La grande place de Mexico, devant la cathédrale, ne sera sans doute pas de trop lors de la visite de Benoît XVI.