Quoi de neuf chez les chrétiens ? Cette simple nouvelle : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Nos frères d’Orient, cette année, auront un gros décalage avec nous pour lancer la salutation qui bouleverse nos vies. Mais Pâques renvoie à l’unique message du christianisme. L’humanité est appelée à la gloire, celle-même qui a surgi du tombeau un matin, alors que tout donnait à penser que le destin était scellé. Non, ce n’est pas toujours la mort qui gagne, parce que notre humanité pétrie dans la glaise qui retournera en poussière a été prédestinée à une filiation divine dès sa création, que le Christ est venu rendre évidente par le témoignage de sa vie, son enseignement, ses œuvres et son passage au Père, celui qui, par la Croix Glorieuse, aboutit à la victoire sur le mal et sur la mort.
Certes, nous nous redisons chaque année, pour la Semaine sainte, ce que les générations chrétiennes n’ont cessé de se retransmettre depuis la Pâques de Jérusalem. Mais la substance du message a une saveur qui ne passe pas. Car aucune philosophie, aucune sagesse, aucune religion, n’ont pu approcher seulement la grandeur de l’Incarnation, de la Rédemption, et de la Résurrection du Fils. Anthropologiquement, la figure de l’homme s’en est trouvée surdéterminée et, depuis lors, au kérigme ne peut répondre que le pari pour l’absurde. C’est vrai qu’il faut choisir, selon le propos de Jean Guitton, entre le mystère et l’absurde, ou encore entre le sens divin d’une vie pour la contemplation de l’Amour infini et le nihilisme d’un désenchantement fasciné par le néant.
La victoire de Pâques signifie aussi victoire sur la déréliction du mal qui ronge notre espèce depuis qu’elle s’est trouvée déstabilisée par le trouble de la désobéissance. Nous sommes donc bien au-delà d’un optimisme facile ou d’un humanitarisme sans tragique. Dieu lui-même, non seulement le Fils, mais la Trinité solidaire a voulu épouser la dramatique humaine jusque dans sa déréliction extrême, son dénuement total, pour faire triompher la gloire. La gloire qui est dans l’épreuve même de la croix et qui rejaillit en lumière éblouissante parce que c’est Dieu lui-même qui s’est livré à la morsure du mal, celle à laquelle nous ne pouvons échapper que par la foi en Celui qui nous sauve.