3107-Morale, laïcité et religion - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3107-Morale, laïcité et religion

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Depuis plusieurs semaines, la discussion fait rage : le président de la République a mis le feu aux poudres avec son discours de Saint-Jean de Latran. Ses interventions successives à Riyad, puis devant le Conseil Représentatif des Institutions Juives n’ont fait que prolonger une interrogation reprise par une multitude d’interventions, déclarations ou tribunes. En se posant comme croyant, Nicolas Sarkozy aurait contrevenu à la règle de neutralité républicaine. En défendant la référence publique à Dieu, il aurait sapé les fondements de la morale laïque et mis en danger le dispositif proprement français qui libère les consciences de la tutelle religieuse dans l’espace public. Ce dernier apparaît particulièrement précieux, nous dit-on, à des personnes persécutées pour leur opposition au fondamentalisme islamique et même aux règles et aux traditions de l’islam. C’est ainsi qu’Ayaan Hirsi Ali, pourchassée par une fatwa qui l’a contrainte à quitter la Hollande puis les États-Unis, s’est réfugiée dans notre pays pour bénéficier du régime de tolérance ménagé par la « laïcité à la française ». Disons-le sans ambages : que notre pays soit considéré comme un asile secourable à ceux qui sont persécutés et démis de leurs droits essentiels est, pour nous, un sujet de fierté. Nous désirons de toutes nos forces que notre État demeure le garant de la liberté de conscience et soit accueillant aux victimes des régimes et des systèmes d’oppression. Mais nous ajoutons, tout aussi fermement, que c’est aussi en vertu de nos convictions religieuses que nous soutenons cette cause. Le concile Vatican II a établi, de la façon la plus nette, un principe d’inviolabilité de la conscience dont les conséquences politiques sont impératives. Opposer aux droits de l’homme l’autorité de la foi nous paraît donc fallacieux et gravement diffamatoire. Certes, il est vrai qu’aujourd’hui encore certaines formes de religiosité sont attentatoires à la conscience et à la liberté. Ce n’est pas un motif pour construire des amalgames et ranger par exemple l’Église de Jean-Paul II et de Benoît XVI dans le camp de l’oppression. Quant aux distinguos philosophiques qui nous sont opposés, nous les réfutons comme arbitraires. Hommes de foi, nous revendiquons l’usage intégral de la Raison. Et si on veut mettre en contradiction, comme ce cher Alain-Gérard Slama, du Figaro, la conscience de l’individu et l’autorité d’une religion, nous répondons, avec le cardinal Newman que la conscience elle-même est une autorité, parce qu’elle est le témoin des exigences de la vérité et de la justice. Si celles-ci n’ont pas d’autorité, c’est le règne de l’arbitraire. Et pour le croyant, elles sont l’expression même, sous mode analogique, du Dieu qui nous crée libres.

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