En Zambie, les catholiques représentent 50 % des onze millions d’habitants. Dénués de tout, ils bénéficient d’évêques remarquables.
A 44 ans Mgr Alick Banda, évêque du diocèse de Solwezi, dans le nord de la Zambie, compte parmi les plus jeunes évêques de l’Église catholique. Ordonné en juillet dernier, il accomplit sa mission en faisant preuve de dynamisme et de confiance en Dieu. Sans cette confiance, il n’y arriverait pas, car la somme qui reste au diocèse après déduction des coûts fixes s’élève à … 237 € !
Cependant, ce n’est pas le seul défi auquel est confronté le jeune évêque, car avec ses 88.300 km2, le diocèse de Solwezi est l’un des plus grands d’Afrique. L’évêque n’a que dix-huit prêtres à ses côtés et les dix-sept paroisses sont immenses. Les 67.000 catholiques sont dispersés sur ces vastes terres. Un prêtre doit parcourir chaque semaine plusieurs centaines de kilomètres pour rendre visite aux croyants – et cela sur des routes qui sont dans un état catastrophique. Par conséquent, il n’est pas étonnant que quelques catholiques soient obligés d’attendre plus d’un an pour voir un prêtre et recevoir la sainte Communion.
Mais l’Église a d’autres défis considérables à relever : Mgr Banda voudrait aider les personnes à se libérer de l’ignorance et de la sorcellerie, véritables fléaux pour la population. La plupart des personnes qui vivent dans le diocèse de Solwezi sont analphabètes ; dans certains villages, personne ne sait lire ni écrire. Cette absence d’instruction fait obstacle à l’évangélisation, car c’est un terreau favorable à la superstition. Si une personne tombe malade ou meurt, on accuse quelqu’un d’avoir provoqué ce malheur par sorcellerie. L’évêque est convaincu que l’intervention de catéchistes changerait bien des choses. « Il faut apprendre aux gens à penser autrement », dit-il.
De plus, l’instruction offre la possibilité de sortir de la pauvreté. « Regardez les cases qui servent de logement à la population ! Pendant la saison des pluies, l’eau infiltre la paille, les cases s’écroulent et les gens tombent malades. C’est affreux ! », déclare l’évêque. Il n’y a que peu d’écoles et d’hôpitaux, pas d’infrastructure digne de ce nom, et si l’on veut rouler en voiture, il faut emmener des bidons d’essence. Pourtant, la région pourrait être fertile.
« Quarante ans après l’indépendance, le gouvernement ne fait toujours rien d’efficace en matière économique et sociale. Il ne s’occupe surtout pas beaucoup de l’instruction de la population, peut-être parce que si les gens sont cultivés, ils seront moins faciles à manipuler. » L’Église veut encourager les gens à prendre en main leur vie librement.
Comme le nombre de prêtres est restreint, Mgr Banda voudrait mettre en place un centre de formation pour catéchistes. Les catéchistes transmettent la Bonne Nouvelle aux fidèles et prient avec eux, mais ils doivent également jouer un rôle important dans la vie concrète des gens, en les aidant à changer leur vie.
Le diocèse étant trop pauvre pour payer un salaire aux catéchistes, l’évêque met à leur disposition un logement, des semences et de l’engrais. Au moment des semis et de la récolte, les catéchistes sont libérés de leurs fonctions afin de cultiver leur champ. Cela leur permet de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, de nourrir leurs familles, et, en même temps, d’être au service de l’Église et de leurs frères.
Mgr Banda croit que la formation des catéchistes est une priorité pour l’avenir de son diocèse. Seules l’instruction et l’évangélisation de la population permettront aux Zambiens de s’en sortir.