3104-Simone de Beauvoir - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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3104-Simone de Beauvoir

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L’année 2008 est donc vouée au souvenir de Simone de Beauvoir dont on célèbre le centenaire et dont on exalte la lutte pour l’émancipation de la femme. Son célèbre livre Le deuxième sexe ne constitue-t-il pas une sorte de manifeste où les femmes se sont reconnues et où beaucoup d’entre elles ont puisé la détermination de transformer en libre projet ce qui relevait d’un destin mal accepté. Il est vrai aussi que l’histoire mieux connue de cette figure philosophique et littéraire du vingtième siècle vient retoucher sensiblement la légende. Il y a parfois loin de la propagande existentialiste à la réalité vécue : pas mal de mensonges, de souffrances longtemps cachées, et sous couvert d’affranchissement, des manipulations cruelles, sans compter une arrogance idéologique qui n’était que l’envers d’un aveuglement face aux entreprises totalitaires.

Il ne s’agit pas pour nous de développer un réquisitoire symétrique à l’idéalisation dont la compagne de Sartre fait l’objet. Cette femme, avec ses faiblesses et ce qui lui valut sa gloire temporelle, témoigne de la difficulté de répondre à une vocation poursuivie dans le déni de son éducation familiale et religieuse.

Seulement, Simone de Beauvoir n’est pas la seule représentante en son siècle du génie féminin. Pourquoi ne rappelle-t-on pas qu’il y eut d’autres femmes, philosophes ou écrivains, en sa génération, qui devraient également compter pour la force de leur pensée et de leur vie ? Nous citerons simplement deux exemples, sachant qu’il y en a bien d’autres, mais que le caractère particulièrement dense de leurs œuvres et de leur témoignage devrait inciter à prendre conscience des autres choix qui se proposaient au-delà de la propagande pour la libération de la femme. Simone Weil et Edith Stein appartenaient à la même génération que Simone de Beauvoir. Elles furent parfois à l’écoute des mêmes courants intellectuels et eurent à affronter les mêmes défis politiques et les mêmes épreuves d’une Europe déchirée. Mais elles ne tirèrent pas les mêmes conclusions. Simone Weil et Edith Stein se reconnurent dans la voie de l’absolu, celle dont Simone de Beauvoir s’était détournée obstinément. Ce ne fut certes pas en faveur d’une sujétion de la femme et de l’acceptation d’une destinée sans but. Au contraire, l’une et l’autre comptent au nombre des femmes modernes qui ont tracé pour leurs sœurs des chemins nouveaux. Et elles apportent une dimension, oubliée par les philosophes existentialistes, que révèle à sa façon le romancier Yann Moix (1) dans un essai qui n’est pas sans mérites, surtout grâce à ses ouvertures à un domaine celé aujourd’hui à beaucoup. Si 2008 est voué à l’avenir de la femme, il faut espérer qu’on se souviendra qu’à côté de la célèbre Simone, il y a une autre Simone et une Edith qui ont infiniment à nous apprendre.

G.L.

(1) Yann Moix, Mort et vie d’Edith Stein, Grasset, 14,90 euros.

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P.S. Bravo à tous ceux qui, dans la ligne de notre numéro de la semaine dernière dénonçant une campagne – dans le métro et le RER en région parisienne – du Planning familial prônant l’avortement, ont spontanément pris leur plume pour se plaindre directement à la RATP, la SNCF et au Conseil général. Il est en effet très important de montrer que les usagers ne sont pas prêts à se laisser imposer des messages idéologiques trompeurs, surtout par le biais d’un service public des transports avec l’argent des impôts régionaux.