La réunion de la 35e congrégation générale de la Compagnie de Jésus, au cours de laquelle sera élu le successeur du Père Peter-Hans Kolvenbach, ne peut que susciter l’intérêt de tous ceux qui savent le rôle joué par les jésuites dans l’Église universelle. Issue du cœur et de la volonté d’un des génies du christianisme, Ignace de Loyola, au XVIe siècle, la Compagnie, depuis sa naissance, s’est toujours trouvée aux avant-gardes du combat spirituel, de l’ardeur apostolique et de la modernité intellectuelle et scientifique. De là, ses nombreuses tribulations qui ont été jusqu’à son interdiction, mais aussi ses réussites éclatantes que symbolisent toute une symphonie de grands noms et une pléiade de saints. Il ne faudrait pas oublier la multitude d’humbles ouvriers de l’Évangile qui, aujourd’hui encore, sont présents sur tous les continents et se dépensent sur tous les terrains de la formation des jeunes ou de la promotion des pauvres.
Que la Compagnie ait été prise de plein fouet dans les tempêtes qui ont secoué l’Église et le monde dans le cours du vingtième siècle et les suites de Vatican II ne saurait surprendre. Paul VI ou Jean-Paul II ne sont pas intervenus arbitrairement lorsqu’il s’agissait de corriger certains excès, donnant même de graves avertissements à propos de dérives qui mettaient en péril l’identité profonde des fils de saint Ignace. Des débats théologiques furent alors témoins des graves dissentiments qui opposèrent de grandes figures jésuites. Le quarantième anniversaire de mai 1968 rappelle également comment, en France, la jeune génération fut marquée par une contagion idéologique qui eut les effets les plus funestes, jusqu’à compromettre l’avenir des jésuites dans le pays où la compagnie était née. La baisse générale des effectifs (passés de quelque 30 000 membres en 1965 à moins de 20 000 aujourd’hui) est significative des dégâts de toute cette période. Elle affecte l’Europe principalement, alors que l’Asie (singulièrement l’Inde) et l’Afrique semblent incarner la jeunesse d’une famille religieuse dont le rôle est plus que jamais nécessaire.
Il faut rendre hommage au préposé général, le Père Kolvenbach, dont la sagesse et la hauteur de vue ont permis de surmonter les épreuves du quart de siècle où il dirigea ses frères jésuites, dans une communauté de conviction avec le pape Jean-Paul II. La Compagnie est liée au successeur de Pierre par un vœu qui contribue à son originalité et renforce sa mission universelle. L’élection de son successeur, qui interviendra au plus vite, sera interprétée à l’aune des services et des engagements requis dans la période nouvelle. Les débats qui mobilisaient les esprits sont devenus obsolètes. Le monde nouveau du XXIe siècle réclame que l’on s’engage à nouveaux frais pour son salut. Si la mission auprès des plus pauvres est un domaine où ils ont toujours excellé ad majorem gloriam Dei, on attend toujours des jésuites un renouveau de la pastorale de l’Intelligence.
G.L.
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