Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, éternelle est sa puissance… Chaque année, l’annonce se renouvelle et chacun la reçoit selon ses dispositions intimes. Si toutes les familles chrétiennes s’accordent pour que Noël soit la pure fête de l’enfance, il s’en faut de beaucoup pour que tous reçoivent la naissance du Sauveur dans l’émerveillement. Il y a des Noël de deuil et même de tragédie. Pour ce Noël 2007, on évoquera le visage d’Anne-Lorraine, cette jeune fille sauvagement assassinée dans un train. Nous pensons tous à sa famille, son immense peine. Pourtant, c’est la même fête qui sera vécue avec son souvenir poignant. Dans son homélie du 8 décembre, le cardinal Barbarin n’a pas hésité à parler de cette mort d’Anne-Lorraine comme d’une annonciation. Annonciation tragique certes, mais qui nous rappelle le martyre des saints Innocents qui suit immédiatement la nativité de Jésus. Cette jeune fille est un de nos intercesseurs qui nous ouvrent à une contemplation du mystère de l’Incarnation dans la proximité de la Passion.
Il ne s’agit pas d’exclure l’immense douceur, sourire de la tendresse de Dieu. Mais cette douceur s’exprime dans le terrible de ce monde. « Dans un cœur pur comme par un haut portail ouvert, il entrerait tout autrement, le Dieu de la réelle douceur » (Rilke traduit par Pierre Boutang). La réelle douceur de l’Incarnation, c’est le tout petit né du sein de la Vierge pure. Les chants des anges font résonner la musique du Ciel, indicible harmonie de paix et de conciliation des cœurs. Mais Dieu, dans la chair, est par sa volonté fixé en elle : « Dieu a pris chair. Dieu a pris dans la chair (…) Dieu est près. » Il est donc à même la vie, et tout ce qu’elle traîne avec elle de vif et d’âpre et de réel. Jésus-Christ vit tout ce qu’il vit sans protection aucune. » (Etincelles, du Père François Cassingena-Tréverdy, éd. Ad Solem).
L’enfant de Noël est destiné à une mission, de par la volonté du Père qui l’enveloppe. Les mages signifient cette mission par la triple offrande de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Il est roi, prêtre et prophète, et c’est comme tel qu’il agira, sera reçu ou refusé. La myrrhe ne signifie-t-elle pas par avance l’ensevelissement du Seigneur ? Dans le témoignage des martyrs chrétiens – telle Anne-Lorraine – nous trouvons l’association intime à la mission du Sauveur. Et c’est pourquoi ils sont là, entourant la crèche de Bethléem, annonciation de l’ultime et vraie douceur.
G.L.
Pour aller plus loin :
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Jean-Paul Hyvernat
- Folies antédiluviennes