3093-Monténégro : un îlot catholique dans un nouveau pays - France Catholique
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3093-Monténégro : un îlot catholique dans un nouveau pays

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Le Monténégro fait figure de « nouveau né » des pays de la planète. Sa population est majoritairement orthodoxe, mais son caractère multi-éthnique
et multiconfessionnel
est revendiqué…

Ce pays tout neuf – 650000 habitants à peine – est indépendant depuis le 21 mai 2006, suite au référendum dissolvant l’Union de Serbie et du Monténégro. Après 88 ans, le Monténégro fait à nouveau partie, de façon légale et pacifique, de la communauté internationale en tant qu’État indépendant et souverain.

A l’issue de ce référendum, le premier ministre, Milo Djukanovic, a salué dans ses premiers mots, l’Église autocéphale orthodoxe du Monténégro, qui a toujours milité pour l’indépendance politique du pays et a souffert de beaucoup de persécutions. Soucieux de plaider la réconciliation nationale, il a aussitôt précisé que toutes les confessions auraient leur place au Monténégro, évoquant l’islam, le catholicisme et bien sûr l’Église orthodoxe serbe qui, ayant joui depuis longtemps d’une situation de quasi-monopole, demeure très largement dominante au sein de l’orthodoxie monténégrine.

Il existe une minorité catholique (environ 4% des Monténégrins) parmi les populations d’origines albanaise, macédonnienne, slovène, rom… et, surtout, parmi celles d’origine croate, concentrée autour de la Bouche de Kotor, terre de saints, dont l’évêché catholique possède plus de 500 églises, mais seulement une douzaine de prêtres. Cet îlot catholique a subi la terrible oppression communiste qui s’est efforcée de tuer la foi dans le cœur de ces femmes et de ces hommes, dont la piété était grande : « Aller à la messe tous les jours était tout à fait normal, il y avait toujours un rosaire dans la maison, une bible et divers livres de prières ». Des photos de processions, de festivités, qui avaient lieu alors, montrent qu’il y régnait un esprit vivace. Depuis saint Tripun, martyr de l’époque romaine, jusqu’à saint Léopold Mandic, capucin du XXe siècle, il n’y a pas moins de 17 saints canonisés par l’Église catholique qui sont originaires de cette région. Il y a deux circonscriptions ecclésiastiques catholiques dans le pays : l’archidiocèse d’Antivari (Bar), et le diocèse de Cattaro (Kotor).

Le 22 janvier dernier, Benoît XVI a dit au premier ambassadeur de la République du Monténégro au Vatican, Antun Sbutega, venu remettre ses lettres de créance, que le Monténégro était un pays favorable à l’œcuménisme et à la rencontre avec l’islam. Le Monténégro compte 23% de musulmans. On estime en effet que 22 % de la minorité d’origine albanaise et 14% de la minorité d’origine bosniaque ayant la citoyenneté monténégrine sont d’obédience sunnite. Mais les réponses aux enquêtes ont tellement varié qu’il est difficile de juger de la fiabilité de ces chiffres.

La terre du Mon­­ténégro, « embrassant les traditions orientales et occidentales, se caractérise toujours comme un lieu pri­vilégié de cette rencontre œcuménique qui est souhaitée par tous », a poursuivi le Pape. Faisant référence à la naissance de l’Etat indépendant du Monténégro au XIXe siècle, avec le soutien du Saint-Siège et de l’Eglise orthodoxe « pour mieux subvenir aux besoins spirituels de la population », Benoît XVI a souhaité qu’une telle volonté chrétienne puisse se développer. Cette rencontre pourrait s’avérer fructueuse, à condition que la minorité catholique ne disparaisse pas, laminée par l’exode vers la Croatie toute proche ou vers l’Occident.