La Toussaint des martyrs - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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La Toussaint des martyrs

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L’année liturgique 2007-2008 dans le calendrier de l’Église univer­selle donnera lieu 31 fois à une fête ou à une mémoire obligatoire honorant des martyrs (isolés ou groupés).

Au mois de décembre : 1) Lucie, 2) Étienne ;3) Jean l’évangéliste et 4) les Saints Innocents.

Janvier : 5) Agnès.

Février 6) Agathe.

Mars : aucune.

Avril : 7) Stanislas et 8) Marc l’évangéliste.

Mai : 9) Philippe et Jacques.

Juin : 10) Charles Lwanga et ses compagnons (Ouganda) ; 11) Boniface ; 12) Barnabé ; 13) Irénée ; 14) Pierre et Paul.

Juillet : 15) les apôtres Thomas, puis 16) Jacques.

Août : 17) Thérèse Bénédicte de la Croix ; 18) Laurent ; 19) Maximilien Kolbe ; 20) Barthélémy ; 21) Jean Baptiste.

Septembre : 22) Corneille et Cyprien ; 23) Matthieu ; 24) Kim et ses compagnons martyrs (Corée).

Octobre : 25) Ignace d’Antioche ; 26) Luc ; les apôtres 27) Simon et Jude.

Novembre 28) Josaphat ; 29) Cécile ; 30) André Dung – Lac et ses compagnons(Vietnam) ; 31)André.

Si on compte les mémoires faculta­tives, il faut ajouter 33 célébrations soit en décembre :1) le pape Damas et 2) Jean de Kenty ; 3) Thomas Becket ; 4) le pape Sylvestre Ier. Janvier : 5) Fabien et Sébastien ; 6) Vincent. Février : 7) Blaise ou Anschaire ; 8) Paul Miki et ses compagnons martyrs (Japon) ; 9) Polycarpe. Mars : 10) Perpétue et Félicité. Avril : 11) le pape Martin Ier ; 12) Georges ; 13) Fidèle de Sigmaringen ; 14) Pierre Chanel. Mai : 15) Nérée et Achille ou Pancrace ; 16) le pape Jean Ier ; 17) Christophe Magallanès et ses compagnons (Mexique). Juin : 18) Marcellin et Pierre ou Pothin et Blandine ; 19) Fisher et Thomas More ; 20) martyrs de l’Eglise de Rome. Juillet : 21) Maria Goretti ; 22) Augustin Zhao Rong et ses compagnons martyrs (Chine) ; 23) Apollinaire. Août : 24 Pontien et Hippolyte ; 25 Barthélémy (dimanche). Septembre : 26 St Janvier ; 27) Côme et Damien ; 28) Venceslas ou Laurent Ruiz (Japon) .Octobre : 29) Denis et compagnons ; 30) Calliste ; 31) Jean de Brébeuf, Isaac Jorgues et C. Novembre : 32) Clément Ier ; 33) Catherine d’Alexandrie.

Durant toute l’année c’est donc à 64 reprises que l’on peut célébrer des martyrs.

I – La place des martyrs dans les siècles

Dans les trois premiers siècles on compte 24 fêtes ou mémoires obligatoires (dont les saints Innocents et Jean baptiste) et 20 mémoires facultatives soit 44 célébrations (14 par siècle). Du IVe au XVIe siècle on compte 1 mémoire obligatoire et 8 mémoires facultatives soit 9 au total (0,6 par siècle). Du XVIIe au XXe il y a 6 mémoires obligatoires et 5 facultatives soit 11 au total (3 par siècle).

L’importance des martyrs dans les trois premiers siècles revêt une grande signification, c’est en versant leur sang que les premiers martyrs ont vaincu leurs oppresseurs et non pas le sang de leurs ennemis. Ils ont imité le Christ et constituent un modèle pour tous les chrétiens. Au cours des âges des chrétiens ont parfois mis la force des armes au service de la mission, mais le Concile Vatican II a définitivement écarté cette manière d’agir et, pour emprunter les paroles du cardinal Journet dans une mémorable intervention durant le Concile (25 septembre 1965), l’Église ne veut employer désormais que les armes de lumière en plaçant chacun devant ses responsabilités à l’égard de sa conscience et devant Dieu.

Du IVe au XVIe les martyrs sont essentiellement des Européens, ils sont rares dans le calendrier pour l’Église univer­selle, mais nombre de martyrs figurent dans le cadre de célébrations propres aux Églises nationales, en particulier des princes et les victimes de guerres de religion et de révolutions. Du XVIIe au XXe. Il s’agit surtout des chrétiens en pays de mission notamment en Asie. Ils proviennent de la Corée, du Japon, de l’Afrique (Ouganda), de la Chine, du Vietnam et du Mexique.

Dans les 64 célébrations de martyrs pour l’année liturgique 2007-2008, les laïcs forment incontestablement la grande majorité contrairement aux saints non martyrs du calendrier qui sont le plus souvent membres du clergé. Les femmes sont relativement nombreuses.

II – La Cause du martyre

Saint Augustin s’exprime ainsi : Beau­coup supportent le poids des tribulations, leur souffrance est bien différente. Que de souffrances n’endurent pas les adultères et les malfaiteurs, et les larrons et les homicides et tous les scélérats. Ils peuvent bien souffrir ce que souffrent les martyrs, mais ce n’est pas pour la même cause (sermon 337.1). Ce qui fait le martyre c’est la cause, parce que c’est elle qui unit le martyr avec le Christ.

Dans l’Église ancienne le martyre tient une place essentielle. Le combat était rude et beaucoup prenaient peur. Périodiquement une vague de persécutions s’abattait sur les chrétiens : Nous devons tous nous tenir prêts pour le combat, écrit Cyprien, ne penser à rien qu’à la gloire de la vie éternelle et à la couronne de la confession du Seigneur sans nous imaginer d’ailleurs que ce qui vient est tel que ce qui est passé. Un combat plus sérieux et plus acharné est imminent : les soldats du Christ doivent s’y préparer avec un robuste courage considérant que chaque jour le calice du sang du Christ leur est donné à boire, afin qu’ils soient en état de verser eux-mêmes leur sang pour le Christ.

Les apostasies étaient nombreuses et l’Église prévoyait des pénitences appropriées pour réintroduire les défaillants dans son sein. C’est une minorité de témoins qui a vaincu l’empire romain et l’histoire de l’Église montre que ce sont de faibles minorités qui résistent aux entreprises multiformes du Prince de ce monde. Lorsque Gédéon rassembla le peuple pour le combat une première sélection retint 10 000 hommes et une seconde 300, c’est avec cette élite que Madian fut vaincu, telles sont les ma­nières divines pour réaliser ses desseins.

Les formes du martyre se sont diversifiées et quand l’empire romain fut devenu officiellement chrétien, d’autres formes de combat spirituel apparurent comme le monachisme et la virginité consacrée.
Mais elles ne monopolisèrent pas la vocation chrétienne au martyre. Il fallut aussi relever le défi des grandes hérésies condamnées par les Conciles jusqu’au VIe, puis faire face à l’avénement de l’Islam au VIIe et supporter les malheurs lors des siècles de fer du VIIIe au Xe siècle. Plus tard au sein des chrétientés occidentale et orientale les luttes perpétuelles entre nations chrétiennes, entre le sacerdoce et l’empire, entre les rois et les papes donnèrent lieu à bien des héroïsmes pour rester fidèle.

A ces événements extérieurs il faut ajouter les épreuves cachées les persécutions secrètes dont chaque vie de saint dévoile les péripéties souvent tragiques au lendemain de sa mort. Enfin il y a le martyre ordinaire de chacun dans la mesure où la cause est bien l’amour du Christ et non pas ses propres fautes.

III – Le XXe siècle âge des martyrs

Le XXe siècle a connu un grand nombre de martyrs catholiques dans les pays totalitaires, notamment en URSS et au Mexique mais aussi dans l’Allemagne nazie et en Chine communiste. C’est un phénomène capital pour notre temps et les béatifications manifestent cette multiplication des témoins qui ont donné leur vie. Il faut tenir compte des formes plus discrètes de persécutions dans de nombreux pays musulmans ou en Inde.

Les rapports entre la société civile et l’Église sont rarement bons parce que l’Église n’a pas de frontières alors que ce sont elles qui concrétisent l’existence de l’État. Le message chrétien reste toujours difficile et provoquant et, pour mieux dire, c’est un mystère. La politique se nourrit de mythes et ignore le mystère, or seules les personnes ont accès aux mystères et l’État n’est pas une personne. Lorsqu’il persécute la religion le Pouvoir prépare sa chute et avec Tertullien on peut dire que le sang des martyrs est une semence de conversion. En ce début du XXIe siècle, le retour de la religion en Russie et la prospérité de l’Église du Mexique vérifient ces affirmations.

IV – Le mystère du martyre

Si le martyre a tant d’importance dans la vie de l’Église c’est qu’il configure les disciples du Christ à leur maître et, en ce sens, chaque chrétien est appelé à rendre témoignage, c’est-à-dire à connaître une forme ou une autre de martyre. En privilégiant le sang versé l’Église se conforme à l’enseignement de la vie Christ dont la mort a été violente et dont les apôtres ont connu aussi le martyre, mais ce n’est ni la souffrance ni sa forme qui en font le prix. C’est l’amour de Dieu aux dépens de l’amour de soi qui est l’unique mesure du martyre authentique qui est accrdée par la Grâce et la Grâce, c’est le Christ Lui-même.

La fête de la Toussaint est ainsi la fête de ceux qui ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau (Ap.7,14).
Des saints ont demandé avec insistance le martyre et en particulier sous sa forme sanglante, mais leur sainteté a été plutôt de se conformer au dessein de Dieu. En définitive l’épreuve de chacun, quelle que soit sa forme, a été soufferte par le Christ dans sa vie sur terre, dans sa passion, car le Christ a été chacun d’entre nous et c’est ce qui donne au martyre sa valeur infinie .

Patrick de LAUBIER