3084-Benoît XVI et l'Europe - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

3084-Benoît XVI et l’Europe

Copier le lien

LA VISITE que vient d’accomplir Benoît XVI en Autriche, en éveillant en notre esprit tous les prestiges de l’Europe centrale, ne pouvait que nous ramener aux grands enjeux de civilisation en notre temps. Retransmises par K.T.O., elles étaient évocatrices, ces images du sanctuaire de Marienzel, de la cathédrale Saint-Etienne de Vienne, de l’abbaye de Heiligenkreuz… symboles à la fois d’une tradition continuée et d’un renouveau prometteur… Certes, le cardinal Schönborn, figure phare du catholicisme autrichien n’a pas caché les faiblesses d’une chrétienté en proie aux mêmes difficultés que celles des autres nations de notre continent. Mais des forces vives sont en train de naître de minorités actives. Ce sont elles qui ont applaudi Benoît XVI sans réticences, reléguant la contestation germanique interecclésiale à ses rêves surannés. Sortie de l’épreuve, cette Eglise d’Autriche apparaît fragile et jeune, d’autant plus prometteuse qu’elle est au sein de la dépression morale et culturelle comme le ferment d’une renaissance.

Le message adressé par le Pape lors des différentes rencontres avait une portée européenne et internationale. Benoît XVI aime l’Europe, sa richesse intellectuelle, son patrimoine qui est vivant, dynamique et toujours nécessaire au monde. « C’est en Europe, a-t-il rappelé, qu’a été formaté pour la première fois le concept des droits humains ». Un tel legs, inaliénable, oblige pour le présent et l’avenir et commande à notre continent de n’abdiquer aucune de ses obligations internationales, notamment au Proche-Orient et en Afrique. Encore faut-il que cette Europe s’oppose à la tentation de la vieillesse spirituelle, qui est en relation directe avec son hiver démographique. En revenant sur la question de l’avortement et celle de l’euthanasie, le Pape n’obéit nullement à des obsessions obscurantistes, il se fait l’avocat d’une culture de vie tout en contraste avec la funeste déprime de ce que Bernanos aurait appelé « le crépuscule des vieux ». A quatre-vingts ans, le successeur de Jean-Paul II poursuit une entreprise de réveil spirituel qui contredit le déterminisme du renoncement.

Les pessimistes, alléguant le rétrécissement des communautés chrétiennes d’Europe, plaideront pour la fatalité. L’histoire aurait-elle pris un tour – celui de la modernité qui exclut toute axiologie morale – qui rendrait vaine la nouvelle évangélisation ? Mais il n’est nullement assuré que l’Europe échappera durablement à l’appel qui surgit du plus profond de sa mémoire et du plus vif de sa situation actuelle. Le message chrétien retrouve une pertinence de plus en plus lumineuse dans l’esprit et le cœur des jeunes générations qui refusent l’à quoi bon ? nihiliste et repoussent un monde froid et indifférent. Depuis le centre de l’Europe, une flamme jaillit, prête à transmettre un espoir toujours jeune.

Gérard LECLERC

Retrouvez l’éditorial de Gérard LECLERC, chaque semaine sur Radio Espérance

http://www.radio-esperance.com