En ce début d’année, les analystes s’interrogent et s’inquiètent. L’incertitude paraît, à peu près partout, avoir remplacé les glorieuses affirmations d’hier. On est beaucoup moins sûr de la fin de l’histoire, du moins celle que semblait annoncer l’échec des totalitarismes du vingtième siècle. L’équilibre du monde est à la merci de réseaux terroristes mal identifiables. La puissance américaine, qui semblait désormais incontestable depuis la disparition du partenaire-rival soviétique, n’est plus si assurée que cela. Ne parlons pas des mirages de la nouvelle économie qui, il y a encore quelques mois, annonçaient l’avènement d’une « mondialisation heureuse ». La crise du système économique international est désormais patente, et l’on se demande comment un pays aux ressources pourtant considérables comme l’Argentine pourra sortir du marasme où il s’est enfoncé.
A ces incertitudes géographiques s’ajoutent les signes d’une profonde crise morale et philosophique. C’est tout de même un symptôme grave pour un monde que les Lumières avaient prétendu sortir définitivement de son obscurantisme et de son infantilisme de se voir défié par une secte aussi extravagante et folle que celle des Raëliens. Le prométhéisme revendiqué par les dévots du progrès peut donc être récupéré par des représentants des conceptions les plus irrationnelles. Mais nos sociétés ne sont-elles pas largement responsables de ces dérives dès lors qu’elles transgressent des principes aussi fondamentaux que le respect de l’être humain à naître ? Du clonage dit thérapeutique au clonage reproductif la relation est malheureusement logique. Dès lors que l’embryon est devenu objet d’expérience et d’instrumentalisation, tout est envisageable.
Dans ce contexte crucial, il convient plus que jamais de se mettre en quête de ce que notre ami le père Bernard Bro a coutume d’appeler « le Nord magnétique ». C’est-à-dire ce sens de la vie qui est en relation avec le don de la sagesse. Jean-Paul II nous le rappelait, il y a plus de vingt ans, au Bourget : « Pour nous, l’alliance intérieure avec la Sagesse se trouve à la base de toute culture et du véritable progrès de l’homme. » La Sagesse considérée se trouve à l’intersection de l’intelligence humaine dans sa recherche désintéressée de la vérité et de la Révélation du Dieu qui a voulu écrire avec nous l’histoire humaine. C’est cette Sagesse qu’il faut redécouvrir en nos temps incertains.
Gérard LECLERC