2863-Eve, à l'image d'elle-même - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2863-Eve, à l’image d’elle-même

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N’ayons pas peur des mots. Tout dans cette affaire de « premier » clonage humain relève de la provocation métaphysique et de la transgression de la loi divine. D’abord, que cette « expérience » ait été conçue, programmée, organisée dans une secte aux prétentions religieuses et eschatologiques constitue un premier indice sérieux. Les Raëliens se veulent très consciemment en situation de défi à l’égard de la Révélation judéo-chrétienne. En second lieu, le fait qu’ils aient donné le nom d’Eve à l’enfant-clone – nous laisserons ici ouverte la question de l’authentification du clonage – se rapporte à l’idée d’une nouvelle humanité qui aurait la prétention de la toute-puissance dans sa volonté de maîtriser son devenir biologique, au mépris de tous les interdits et notamment du plus structurant d’entre eux. Nous voulons parler de la relation au père et à la mère qui, formellement déniée dans le cas du clonage, se rapporte à la fascination narcissique du même et au refus de la différence, principe fondamental d’humanisation.

La simple sagesse humaine s’oppose à ce projet insensé de bouturage humain. Mais la Révélation nous ouvre à la dimension la plus essentielle de l’avènement de l’homme et de la femme. Il faut toujours en revenir aux premières pages du Livre de la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn. 1, 27). Dans l’espace ouvert par la différentiation sexuelle s’inscrit la toute-nouveauté du petit enfant, à l’intersection de deux patrimoines génétiques différents, et ainsi disposé à une histoire qu’il écrira lui-même. Mais cet espace grandit encore, à la mesure de l’Infini, lorsque Dieu apparaît comme la seule et vraie ressemblance. Si proche que cet enfant naisse de son père et de sa mère, sa proximité la plus irréductible se rapporte au Dieu transcendant. Cet étonnant paradoxe contient tout le mystère de la génération humaine, de l’irréductibilité de la personne, de la dignité de la paternité et de la maternité, dans la lumière de la relation unique avec une Providence qui appelle chacun par son nom.

Nous n’épuiserons pas ce mystère en quelques mots. Il nous suffira d’en indiquer ici la signification, qui s’oppose de façon irréductible à la transgression du clonage. La manipulation génétique qui fait sortir le même du même renvoie la génération à une opération qui la mutile du rapport essentiel de la conjugalité – l’amour d’un homme et d’une femme – et dans cette logique fait écran à l’unique ressemblance, qui est celle de la Transcendance. On passe donc de la création à la fabrication et la volonté de fabriquer le double de soi-même s’oppose à la référence à la ressemblance divine qui n’a plus lieu d’être lorsque l’individualité ne se vit plus que dans une auto-référence absolue. Le déni de la Transcendance est atteinte à la Providence, elle est sous le même rapport blessure gravissime à notre liberté et crime contre l’humanité touchée dans ses ressorts les plus profonds.

Gérard LECLERC