Ainsi nos amis du Canada sont-ils en émoi. Le maire de Toronto, cette grande ville qui accueillait cet été les Journées mondiales de la Jeunesse, a été obligé de désavouer ses employés municipaux qui avaient cru bon de faire la police du vocabulaire afin de ne pas effaroucher les non-chrétiens. Le pourtant bien innocent « sapin de Noël » avait été transposé en « sapin des Fêtes ». En l’espèce, M. le Maire est d’avis qu’on est allé un peu trop loin et « qu’on ne peut pas être politiquement correct tout le temps ». En effet. A force de vouloir purifier le langage de tout élément de prétendue discorde, on risque de l’aseptiser, de le rendre sans couleur et sans saveur, au profit du plus improbable et du plus vide des consensus. D’autant qu’en l’espèce, tout cela est loin d’être innocent et que le vide en question risque de correspondre à cette idéologie de la fête justement dénoncée par Philippe Muray et qui produit un véritable saccage des esprits et des cœurs.
Les non-chrétiens et tous ceux qui n’adhèrent pas à la signification de Noël, c’est-à-dire à la venue de l’Emmanuel, Dieu parmi nous, n’étaient jusqu’ici guère indisposés par une fête qui honorait le don de la vie, la grâce de la naissance et même la mystérieuse relation de la terre au ciel. Lorsqu’il ne reste de la bouleversante annonce des anges qu’un mythe poétique, il y a toujours possibilité d’une ouverture plus ample, d’une réflexion plus approfondie et d’un échange pacifié. Le christianisme demeure, quoi qu’on veuille, un immense fait de civilisation qui est en lien direct avec la formation d’une conscience universelle. La liberté de conscience n’a rien à voir avec une volonté nihiliste de détruire la symbolique des plus fortes traditions et les éléments les plus structurants d’une culture religieuse.
Les chrétiens non seulement n’ont pas à rougir du patrimoine que leur foi a apporté à l’humanité dans son ensemble, mais ils ont de plus l’impérieuse obligation d’en révéler le sens le plus profond. Mais cela requiert qu’ils échappent à une certaine superficialité contemporaine pour méditer le mystère du Dieu fait homme et la révolution que l’Incarnation produit dans la condition humaine.
Saint Irénée de Lyon nous exprime cette forte leçon en partant de la création d’Adam. Jamais, écrit Irénée, Adam n’a échappé aux mains divines qui l’avaient créé. Par le bon plaisir du Père, ces mêmes mains « ont rendu l’homme vivant, afin qu’Adam devienne à l’image et à la ressemblance de Dieu ». La naissance de Jésus du sein de la Vierge Marie produit une nouvelle naissance de l’humanité. Dieu s’est fait homme, pour que les hommes deviennent Dieu ! Dessein abyssal de la Providence qui vaut bien que nous en communiquions la nouvelle à tous les hommes de bonne volonté…
Mère Teresa, future béatifiée, n’y a jamais manqué tout en respectant ses frères et ses sœurs qui n’adhèrent pas au secret de sa vie.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- CET ANIMAL QUI S’EST MIS A PARLER