Comment ne pas saluer la déclaration que viennent de rendre publique neuf responsables religieux de Lyon pour rappeler que “le mariage est l’union d’un homme et d’une femme” et “qu’une institution aussi essentielle ne peut pas être soumise aux fluctuations des courants de pensée” ? Il n’est pas douteux que le moment choisi pour faire entendre la conviction commune de ces hommes de foi correspond au débat politique où la question du mariage entre personnes du même sexe et de l’adoption d’enfants par des couples homosexuels est posée dans plusieurs programmes électoraux. Celui de Ségolène Royal prévoit de “garantir l’égalité des droits pour les couples de même sexe” (87e proposition parmi les cent présentées par la candidate socialiste). C’est d’ailleurs cette interférence directe dans la campagne présidentielle qui a provoqué le refus de l’Eglise réformée de France lyonnaise de s’associer à la rédaction de ce texte.
Les explications du responsable réformé, Guillaume de Clermont, étonnent pour le moins car, si son Eglise n’est pas encore parvenue au terme de sa réflexion sur le sujet, il paraît difficile, pour qui se réclame de la Bible, d’éluder un enseignement on ne peut plus clair. Quant à l’argument consistant à prétendre qu’une telle question est “trop importante pour être prise en otage dans le débat pré-électoral”, il est pour le moins spécieux. On ne voit pas pourquoi les communautés religieuses n’énonceraient pas leurs convictions sur des sujets aussi centraux pour l’avenir de la société, et en quoi le débat “dans le respect des règles démocratiques” serait brimé. Un tel débat ne saurait se développer dans le brouillard des opinions douteuses et encore moins sous le diktat des idéologies du moment.
Quand il s’agit de mettre en cause des principes immémoriaux de l’humanité et de promouvoir des réformes qui pourraient être dévastatrices pour le tissu social et la construction des nouvelles générations, il est impératif que se fassent entendre les grandes sagesses héritières des “récits fondateurs” de la culture humaine. Il y aurait violence à empêcher des responsables religieux de parler en leur interdisant l’espace public de discussion. Loin d’y être inopportuns, ils y sont au contraire les bienvenus en raison même de leur apport à la délibération des citoyens.
Un certain climat, marqué par le terrorisme intellectuel, s’oppose à cette libre expression. Qu’il soit imprégné de scientisme laïciste ou de conformisme sectaire, il est préjudiciable autant à l’échange des arguments rationnels qu’à la poursuite du bien commun. C’est pourquoi, encore une fois, il est réconfortant qu’à Lyon, quasiment tous les responsables religieux aient exercé leur droit fondamental à énoncer leur conviction.
Gérard LECLERC
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