2904-Une laïcité problématique - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2904-Une laïcité problématique

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Les évêques en assemblée à Lourdes se sont inquiétés d’un certain échauffement laïque dont ils n’escomptent rien de bon pour la paix civile. Ils s’opposent notamment à une nouvelle loi sur la laïcité, qui interdirait, entre autres, le port d’insignes religieux ostentatoires. L’affaire du voile, définie par le cardinal Bernard Panafieu comme “épiphénomène” ne saurait à elle seule justifier un bouleversement législatif, dont on espère, du côté des politiques, des effets qui risquent de se révéler, rapidement, illusoires. On peut même craindre qu’à vouloir éradiquer une menace de type “fondamentaliste”, on attise la querelle, en suscitant des solidarités du côté des musulmans qui étaient restés en dehors de la querelle. Ainsi les conditions d’un conflit pourraient-elles être exacerbées entre intégristes religieux et intégristes laïques.

Emile Poulat, qui vient de publier un livre somme sur cette question laïque, se montre des plus circonspects sur le contenu d’une loi qui pourrait s’avérer vide sur le fond et obsolète dans la forme. Sa longue pratique d’historien lui a appris que la redéfinition des rapports entre l’Etat et la religion relevaient beaucoup plus d’un pragmatisme évolutif que d’une idéologie impulsive. Tous ceux qui se réfèrent à la loi de 1905, en rappelant avec délectations qu’elle fut refusée par l’autorité romaine et l’épiscopat français, ignorent que le vote de cette loi fut à l’origine d’une cassure profonde du camp laïque. En effet, ce furent les modérés (en l’espèce Aristide Briand et Jean Jaurès) qui eurent le dessus sur les bellicites (Emile Combes et Georges Clemenceau), en modifiant sensiblement l’esprit de la séparation. D’une loi de combat, ils firent une loi de pacification, en se montrant ouverts à des adaptations ultérieures, celles qui permirent finalement d’obtenir un consensus général et une pratique qui faisait droit aux légitimes aspirations des “religieux”.

Les politiques, malgré les perspectives électorales prochaines, feraient bien aujourd’hui de se pénétrer de cet empirisme inspiré par une sagesse qui ne se réclame que du seul bien public. Ce n’est pas sans inquiétude qu’on voit certains d’entre eux vouloir intervenir dans l’espace propre à l’Enseignement catholique sous contrat, alors que celui-ci avait réussi au mieux jusqu’alors à régler la coexistence interreligieuse. C’est pour le coup que l’autoritarisme idéologique interviendrait pour créer des conflits là où ils n’existaient pas… Nous ne nions pas que l’Etat ait à résoudre des problèmes graves et qu’il y a des raisons de s’inquiéter des ravages du communautarisme. Mais ce n’est pas la politique de Gribouille qui nous permettra d’y échapper.

Gérard LECLERC