2901-L'avenir d'un jubilé - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2901-L’avenir d’un jubilé

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Comment ne pas écouter cet homme qui ne ressemble à aucun autre ?” Non, Guy Sitbon qui signe cette déclaration d’admiration envers Jean-Paul II dans le dernier numéro de Marianne, n’est pas un catholique déclaré. Il se réclamerait plutôt d’un hédonisme libertaire, d’ailleurs non agressif (ce qui est assez exceptionnel aujourd’hui). Reconnaissons qu’il n’est pas le seul. La presse a été presque unanime à reconnaître une stature de “géant” à ce personnage hors-normes. Même Libération ne s’est pas cru obligé de renouer avec ses polémiques passées.

Même ceux de nos frères protestants qui ne sont pas avares de sévérités à l’égard du papisme nous ont épargné leurs sarcasmes. Nous n’avons pas à bouder notre joie de voir reconnu pour ce qu’il est, l’homme qui depuis vingt-cinq ans a tellement apporté à l’Eglise catholique et au monde. La question qui se pose maintenant serait plutôt celle de l’avenir d’un exemple et d’un enseignement.

Que retiendra-t-on de Jean-Paul II au-delà de son jubilé ? Fort heureusement, la béatification de Mère Teresa est intervenue pour offrir à notre univers de communication une image qui est beaucoup plus qu’un effet réussi de la publicité. Une image-icône, au sens théologique du mot, c’est-à-dire une médiation qui loin de porter à l’idolâtrie ne retient le regard que pour le rendre familier de l’invisible. Cet invisible qui fit de cette petite religieuse un brasier de charité. Mère Teresa n’a porté si loin sa compassion envers les déshérités que parce qu’elle s’identifiait au mystère de la kénose christique. C’est-à-dire ce dépouillement radical de soi-même qui rend disponible à l’autre, sans recherche masochiste.

Voilà qui est parfois difficile à comprendre. Quelques médias ont cru bon de modérer leurs louanges à l’égard de la mère des pauvres, en se demandant s’il n’y avait pas chez elle plus d’amour de la souffrance elle-même que des souffrants. Voilà une bien étrange imputation. C’est ne rien comprendre au christianisme que de considérer le culte de la croix comme une sorte d’idolâtrie de la torture elle-même. Pour Mère Teresa, soigner les mourants des trottoirs de calcutta, c’était, au contraire, les soulager le plus possible. Loin de considérer la souffrance comme un bien en soi, elle y voyait, chaque jour, le scandale qui n’était acceptable que s’il permettait un sursaut d’amour. Jean-Paul II a rappelé dans l’homélie de sa messe de béatification qu’elle préférait la vie contre toutes les forces de mort. Dominique Lapierre, qui la connaissait bien, nous a livré ce souvenir qui pourrait être la parabole de son existence : la petite sœur tenant serré un bébé dans ses bras et passant indifférente la ligne de front où s’entretuent les combattants de Beyrouth en guerre.

Jean-Paul II n’avait pas d’autre message à livrer pour son jubilé, qui s’identifie pour nous au miracle même de l’amour librement offert du Rédempteur.

Gérard LECLERC