La visite que vient d’accomplir à Rome Mgr Christodoulos, archevêque d’Athènes, ne peut que réjouir profondément tous ceux qui mettent leur espoir dans les retrouvailles du catholicisme et de l’orthodoxie. Après le voyage en Turquie de Benoît XVI et sa rencontre avec le patriarche œcuménique de Constantinople, c’est un signe de plus qu’il convient de saluer, parce qu’il montre que des progrès décisifs sont accomplis pour des contacts réguliers entre Eglises qui, il n’y a pas si longtemps, s’observaient avec méfiance. Ce qui s’est passé ces dernières années avec l’Eglise orthodoxe de Grèce est particulièrement significatif, car c’est sans doute avec elle que le passif historique était le plus lourd, que les préventions étaient les plus paralysantes. Il suffit de se rappeler le climat qui entoura la visite à Athènes de Jean-Paul II en 2001. Cela avait fort mal commencé avec des manifestations publiques hostiles à la venue du Pape, auxquelles avaient participé des moines venus de l’Athos… Mais Jean-Paul II avait su désarmer ses hôtes les plus réfractaires par sa bonté et sa demande de pardon pour les fautes historiques de l’Eglise latine.
Dès ce moment, Mgr Christodoulos avait montré qu’il entendait multiplier les rapports de son Eglise avec Rome, en acceptant la demande de pardon et en manifestant son désir sincère de réconciliation. N’avait-il pas le dessein de se rendre à Rome dès 2004 pour répondre au plus vite à l’invitation de Jean-Paul II. Sur le moment, son synode l’en avait empêché, mais il était présent sur la place Saint-Pierre pour les funérailles de l’homme qui avait touché son cœur. Les obstacles ayant enfin été levés, la rencontre avec Benoît XVI de ce mois de décembre atteste d’une évolution presque fulgurante. L’Eglise d’Athènes était peut-être la plus éloignée de toute perspective œcuménique. Sa méfiance à l’égard de Rome étant proverbiale. En quelques années, tout a changé. Sans doute, le dialogue doctrinal qui vient d’être relancé entre théologiens prendra-t-il du temps, mais le pape et l’archevêque ont compris qu’ils défendaient une cause commune en Europe, lorsqu’il s’agit de promouvoir “le caractère sacré de la vie humaine” et de rappeler au continent tout entier qu’il a été façonné par le christianisme et qu’il lui doit ses valeurs essentielles et son identification culturelle. Il n’y a pas de différend éthique entre Rome et Athènes qui peuvent donc ensemble faire retentir un message unique à l’égard du monde, comme témoins éminemment symboliques d’une sagesse qui a traversé les siècles mais aussi comme porteurs de l’espérance vive, celle de la Nativité que nous allons célébrer.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)
- En vue du prochain Synode pour le Moyen-Orient
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Ouverture du Synode pour le Proche Orient