3026-Le pèlerinage polonais - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

3026-Le pèlerinage polonais

Copier le lien

Le pèlerinage polonais de Benoît XVI n’est pas seulement dû à un mouvement de piété et de reconnaissance envers la figure vénérable de son prédécesseur. Il signifie très certainement – mais la preuve nous en sera donnée dans les interventions du Saint-Père lors de sa visite – qu’un pontificat aussi riche, aussi long, aussi décisif pour l’Eglise de notre temps, se doit d’être mis en perspective, médité, afin de produire tous les fruits désirables pour l’intelligence de la foi et la diffusion du message évangélique dans le monde d’aujourd’hui. Benoît XVI s’est largement expliqué à ce propos dans l’entretien avec la télévision polonaise accordé il y a quelques mois déjà. Mon propre pontificat – disait-il en substance – s’éclairera grâce à l’enseignement de Jean-Paul II, dont il nous faudra prolonger très longtemps l’influence. Et d’insister jusqu’à prétendre qu’il lui suffisait, pour assumer sa propre tâche, d’expliciter tout ce que son prédécesseur avait pensé dans une puissante synthèse.

On nous permettra d’insister sur ce point, car il arrive que l’on obscurcisse la fécondité de la parole de Jean-Paul II en insistant sur les aspects spectaculaires de ses voyages, de ses initiatives et de ses gestes. Pour mieux mettre en valeur la pertinence doctrinale et la lucidité théologique de Benoît XVI, incontestable et fondée sur l’œuvre magistrale de Joseph Ratzinger, certains laissent entendre qu’il y aurait un contraste entre la sûreté dogmatique du nouveau pape et le prophétisme de l’ancien, entre la réflexion et la chaleur charismatique de l’autre. Un tel jugement qui s’autorise des raccourcis hasardeux d’une communication tentée par les formules publicitaires, est gravement inexact. Il est formulé dans l’oubli et le déni de toutes les encycliques de plus d’un quart de pontificat auxquelles s’ajoutent tant de discours et de documents qu’il arrive aux spécialistes d’en être un peu submergés.

Il ne faudrait pas oublier non plus que ce n’est pas d’abord en raison de ses dons humains de pasteur que Mgr Wojtyla fut remarqué au concile et très spécialement distingué par Paul VI qui lui prêtait une attention toute particulière. L’avis de l’archevêque de Cracovie dans l’élaboration de l’encyclique Humanæ Vitæ fut déterminant. Si le cardinal Wojtyla fut invité à prêcher la retraite de carême au Vatican, ce fut pour rappeler le caractère dramatique de la mission de l’Eglise qui demeure dans le monde de ce temps “signe de contradiction”. Il s’agissait de rappeler au milieu des équivoques de l’après-concile ce qu’était le rôle de l’Eglise, notamment dans son rapport au monde moderne. Rappelant le sens de cette retraite le 22 décembre dernier, Benoît XVI soulignait qu’un tel dialogue doit se poursuivre “dans la clarté et le discernement des esprits que le monde attend à juste titre de nous, précisément en ce moment.” C’est donc pour rappeler sa dette, et souligner l’extrême portée de l’héritage de Jean-Paul II, que Benoît XVI se rend dans la patrie polonaise. Celle-ci, il faut bien le dire, est orpheline de son grand protecteur. Nul doute que le Saint-Père saura trouver les mots pour que la nation de saint Stanislas, sainte Hedwige, saint Maximilien Kolbe, sainte Faustine et de Karol Wojtyla sache tracer sa route dans les difficultés présentes pour manifester la jeunesse toujours nouvelle de l’Evangile.

Gérard LECLERC